Année 1857 |
4 septembre 1857
Alexis de Tocqueville à Alfred de Falloux
Tocqueville par Pierre-L'Eglise (Manche), ce 4 septembre 1857
J'ai reçu avant-hier, cher confrère, de Mme la duchesse de Rauzan une lettre qui m'afflige et m'inquiète. Elle me donne de mauvaises nouvelles de la santé de Mme Swetchine. La même lettre m'apprend que vous êtes à Paris. Je m'empresse donc de vous écrire pour vous prier de me tenir au courant de l'état d'une personne qui mérite à un si haut point mon respect et mon affection. Vous avez sans doute le bonheur de la voir tous les jours. Veuillez, je vous prie, m'apprendre ce que vous penser de sa maladie. Ce qu'en jugent les médecins. Ce n'est pas à vous que j'aurai de la peine à faire comprendre tout l'intérêt que j'attache à ces questions. Puissiez-vous y répondre dans un sens favorable!sans faire part à Mme Swetchine des inquiétudes vives que je conçois, dites-lui combien je souhaite avoir de ses nouvelles. Je lui demande cependant de ne même par donner elle-même, cela la fatiguerait et ajouterait à un état de souffrance que je voudrais au contraire de tout mon cœur pouvoir alléger. Maintenant que je vous ces prés d'elle j'ai un moyen simple, sans m'adresser directement à elle, d'apprendre ce que j'ai besoin de savoir sur sa précieuse santé1. Je compte donc sur votre amitié, cher confrère, pour m'instruire et je puis vous assurer d'avance que je vous en aurai une grande reconnaissance.
Je ne veux point traiter aujourd'hui avez-vous d'autres sujets. Il en est peu d'ailleurs, qu'on puisse traiter par lettre d'une façon satisfaisante. Je finis donc là, en vous priant seulement de croire à tous mes sentiments l'estime et l'amitié.
A. Tocqueville
P.S. Je vous écris à l'instant, ignorant votre adresse actuelle.
