CECI n'est pas EXECUTE 18 juin 1860

Année 1860 |

18 juin 1860

Auguste Nicolas à Alfred de Falloux

Paris, 18 juin 1860

Mon très cher ami,

j'ai saisi une bonne occasion de vous donner de mes nouvelles, c'est de vous en donner des vôtres.

L'abbé Lamazou1 m'écrit de Rome à la date du 12 : « Hier, j'ai été reçu par le souverain pontife. J'avais quelques appréhensions : je craignais que mon dévouement ne fut confondu avec les sentiments moins dévoués d'autres personnes. Il n'en a été rien. Je m'attendais à une audience de cinq à six minutes : elle à duré cinquante minutes. Avec quelle franchise il m'a adressé des questions qui dénotaient une grande confiance : avec quelle noblesse, quelle sérénité il a exposé ses épreuves, ces embarras, ses dangers, sans opinion sur les hommes et sur les choses ! Il m'a adressé des questions mon qui dénotaient une grande confiance ; il est descendu d'une série de détails les plus intimes, les plus délicats. Il a parlé de l'Ami de la religion et de l'Univers, de l'Empereur et de ses ministres, de M. L. Veuillot, de M. de Montalembert et de M. de Falloux. Je l'ai trouvé parfait, admirable dans ses jugements. Il m'a dit en particulier combien il désapprouvait et avait fait désapprouver les attaques étranges de l'Univers contre des hommes aussi éminents que M. de Montalembert et M. de Falloux. Comme les Veuillot se félicitent quelquefois d'avoir démoli ce dernier, vous pourrez lui répéter cette parole prononcée avec énergie et à dessein et qui est un légitime hommage dont je me réjouis dans l'intérêt même du Saint Père. »

Je ne serais pas complet en ce qui vous touche, mon très cher ami, si je ne vous faisais connaître également que Pie IX à daigné bénir moi et ma famille et a demandé avec beaucoup d'intérêt de mes nouvelles : le tout bien entendu à l'instigation de l'excellent abbé, qui est un cœur d'or.

La bénédiction du Saint-Père semble avoir déjà profité à mon pauvre petit malade : sans être hors d'affaire, il semble remonter la pente qu'il descendait.

Je suis seul à Paris : tous mes amis se le titrent et me laissent comme échoué sur la plage où le flot de l'amitié m'apportait parfois de vos chères nouvelles. J'ai eu la chance d'en avoir dernièrement par Désir (?) j'ai bien été touché de la préoccupation exprimée par Madame de Falloux au sujet de notre cher enfant.

Nous respirons toujours des vœux, ici, pour elle et pour vous tous.

Je vous embrasse tendrement.

                                                                                A. Nicolas

Notes

1Lamazou Pierre Henri (1828-1883), abbé. Vicaire de Saint-Sulpice, puis de la Madeleine, puis curé de Notre-Dame d'Auteuil. En 1881, il sera nommé évêque de Limoges.  

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «18 juin 1860», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, Année 1860, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 04/04/2013