Année 1862 |
Février 1862
Alfred de Falloux à Jules de Bertou
Caradeuc, mardi Février 1862
Cher ami,
Votre lettre m'a trouvé à Caradeuc dans une très bonne veine. Le temps y est exceptionnellement beau. Mon affaire a été conclue sans aucune difficulté <mot illisible>, et je repartirai demain pour le Bourg d'Iré après trois excellentes nuits si la prochaine est aussi bonne que les deux dernières.
Quant à l'archevêque1, il trouve son attitude si naturelle qu'il n'en demande le secret à personne. Il déclare aussi qu'il se gardera bien de se rendre à Rome, puisque le gouvernement l'interdit parce qu'on pourrait lui fermer la France au retour et qu'il se doit avant tout à son diocèse2. Ce dernier mot ne vous rappelle-t-il pas les bons et doux mots de Mme Swetchine, qui disait en pareil cas : c'est comme Ugolin mangeant ses enfants pour leur conserver un père. Ici cependant c'est l'opposé: c'est Ugolin laissant manger son père pour lui conserver ses enfants. Je me suis procuré à Becherel3 le Moniteur et le Siècle : grâce à eux et à M. Giraud4, mon temps s'est donc supérieurement passé. Donnez-moi maintenant de vos nouvelles au Bourg d'Iré où l'on me fait espérer de trouver tout et tout le monde en bon état, sauf Marie encore dans son couvent. Mille tendresses.
Alfred