Année 1866 |
22 juillet 1866
Jules Barthélémy Saint Hilaire à Alfred de Falloux
22 juillet 1866, Villenoy prés de Meaux
Très cher et très honoré confrère,
J'avais écrit hier, après avoir vu votre ami, à M. Nefftzer1 et à M. Target2 pour Le Temps3 et Le Courrier du Dimanche4. Je viens d'écrire ce matin à Freslon5 et à Dutier6. J'ai rappelé l'appui que vous et vos amis aviez prêté à ma candidature en 1863; et c'est une dette de reconnaissance que j'acquitte en soutenant aujourd'hui la vôtre7. Je crois en outre qu'il est de l'intérêt commun de ne pas laisser triompher le candidat de l'administration. Voilà ce que j'ai fait mais je suis prêt à faire davantage si je le puis d'après vos indications. Je vous ferai part d'ailleurs des réponses que je recevrai. Je ne puis rien sur M. Dufaure qui n'a pas oublié après 18 ans mon ancienne lutte avec Cavaignac bien que le général n'eut pas attendu un an pour se réconcilier avec moi. Mais M. de Corcelle peut beaucoup sur M. Dufaure de même que M. Dufaure sur M. Freslon. Je verrai sans doute M. Thiers8 à la session de la semaine prochaine et certainement à Trouville9 où j'irai dans les premiers jours d'août, je ferai votre commission.Bien des vœux et bien des amitiés sincères. Je souhaite ardemment que vous soyez à la Chambre, et je suis bien persuadé que les principes qui nous sont communs gagneraient beaucoup à votre présence. Je me rappelle respectueusement souvent de Mme de Falloux et de Mme votre belle-mère.Votre tout dévoué.
P.S. Vous êtes bien bon de penser à ma santé quand vous avez si souvent à vous plaindre de la vôtre. Ce sont mes yeux qui s'en vont et je prépare du mieux que je peux mon âme qui n'a pas la fermeté de la vôtre, à la terrible épreuve que Dieu peut m'envoyer d'un moment à l'autre. M. de Montalembert va mieux d'après ce que j'ai su hier chez lui et M. Nélaton10 a renoncé à lui faire une nouvelle opération11.