Année 1867 |
28 janvier 1867
Jules Barthélémy Saint Hilaire à Alfred de Falloux
28 janvier 1867, Rue du Bac chez M. Mohl1
Très cher confrère et ami,
Le témoignage de votre sympathie m'a profondément touché; et les regrets que vous m'exprimez répondent bien aux sentiments que vous portait M. Cousin2. Nous avons bien des fois parlé de vous dans ces derniers jours et Mme la marquise de Forbin3 que nous avions eu le plaisir de voir la semaine précédente, peut vous dire ce que nous pensions et disions de Mr de Falloux. Notre perte est immense de quelque côté que je la considère; mais elle l'est surtout pour nous en philosophie. Je serai heureux et consolé de m'entretenir avec vous quand j'aurais le plaisir de vous voir à Paris. Vous pouvez vous confier aux détails que les journaux de Paris ont emprunté aux Echos de Cannes. C'est moi qui avait fourni les notes à M. le Dr Segond. La mort a été aussi douce qu'on puisse la souhaiter pour ceux qu'on aime et pour soi; et Dieu a fait la grâce à notre ami de ne rien perdre de ses admirables facultés avant d'aller lui en rendre compte. Montalembert va toujours de mieux en mieux. Je me rappelle respectueusement au souvenir. Votre tout dévoué.
P.S. Cousin nous a traité bien généreusement M. Mignet4 et moi dans son testament. Je vous en parlerai; et il l'a fait avec une telle délicatesse que jamais ni l'un ni l'autre malgré toute notre intimité, nous avons pu soupçonner quelles étaient ses intentions. On ne saurait mieux faire les choses.