CECI n'est pas EXECUTE 28 janvier 1867

Année 1867 |

28 janvier 1867

Jules Barthélémy Saint Hilaire à Alfred de Falloux

28 janvier 1867, Rue du Bac chez M. Mohl1

Très cher confrère et ami,

Le témoignage de votre sympathie m'a profondément touché; et les regrets que vous m'exprimez répondent bien aux sentiments que vous portait M. Cousin2. Nous avons bien des fois parlé de vous dans ces derniers jours et Mme la marquise de Forbin3 que nous avions eu le plaisir de voir la semaine précédente, peut vous dire ce que nous pensions et disions de Mr de Falloux. Notre perte est immense de quelque côté que je la considère; mais elle l'est surtout pour nous en philosophie. Je serai heureux et consolé de m'entretenir avec vous quand j'aurais le plaisir de vous voir à Paris. Vous pouvez vous confier aux détails que les journaux de Paris ont emprunté aux Echos de Cannes. C'est moi qui avait fourni les notes à M. le Dr Segond. La mort a été aussi douce qu'on puisse la souhaiter pour ceux qu'on aime et pour soi; et Dieu a fait la grâce à notre ami de ne rien perdre de ses admirables facultés avant d'aller lui en rendre compte. Montalembert va toujours de mieux en mieux. Je me rappelle respectueusement au souvenir. Votre tout dévoué.

P.S. Cousin nous a traité bien généreusement M. Mignet4 et moi dans son testament. Je vous en parlerai; et il l'a fait avec une telle délicatesse que jamais ni l'un ni l'autre malgré toute notre intimité, nous avons pu soupçonner quelles étaient ses intentions. On ne saurait mieux faire les choses.

Notes

1Jules Mohl (1800-1876), orientaliste. D'origine allemande, il est né à Stuttgart, il s'orienta vers des études théologiques en Allemagne avant de se vouer, en France, à l'étude des langues orientales.  On lui doit notamment la publication de Fragments relatifs à la religion Zoroastre, extraits des manuscrits persans de la Bibliothèque du Roi, Paris, Imp. Royale, 1829. Il était, comme son hôte, Membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres et devenu depuis 1847 professeur de persan au Collège de France.  
2Jules Barthélémy de St Hilaire, qui fut notamment, en 1840, son chef de cabinet au Ministère de l'instruction publique était très proche du philosophe qui lui avait confié sa correspondance et auquel il a consacré un ouvrage important, V. Cousin, sa vie et sa correspondance, Paris, Hachette, 1895, 3 vols.
3Forbin d’Oppède, Roselyne de, née Villeneuve-Bargemon (1822-1884). Elle partageait son temps entre Paris et les deux châteaux que possédait son mari, le marquis Forbin d’Oppède, dans le midi, celui de La Verdière, dans le Var et celui de Saint-Marcel, près de Marseille. Très liée avec les Cochin, la marquise de Forbin, était en relation très étroite avec le groupe des catholiques libéraux.  Voir sa correspondance publiée par Jean-Rémy Palanque, Une catholique libérale du XIXème siècle : la marquise de Forbin d’Oppède d’après sa correspondance inédite, Louvain, 1981, 466 p.
4Très proche de Victor Cousin, François Mignet fut choisi avec Barthélémy St Hilaire et le notaire Fremyn comme exécuteur testamentaire.  

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «28 janvier 1867», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, Année 1867, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 22/04/2019