Année 1869 |
3 novembre 1869
Alfred de Falloux à Régnier (Mgr)
Bourg d'Iré, 3 novembre 1869
Monseigneur,
La plupart de mes amis du Correspondant ne reçoivent ni ne lisent L'Univers ; ils ignorent donc l'article à la fois amusant et attristant que je trouve dans le numéro du 1er novembre emprunté à la Semaine religieuse de Cambrai1. Ils me désavoueraient certainement s'ils pensaient que je proteste sérieusement en leur nom contre cette série de calomnies par anticipation, de diffamations par prévoyance, contre une traduction de leur pensée tellement fausses qu'elle n'a pu échapper qu'à une plume tout à fait inexpérimentée ou passionnée jusqu'à l'oubli de la plus vulgaire justice. J'ai donc qu'un seul but, Monseigneur, celui d'appeler votre attention personnelle, non sur un mauvais article, mais sur une mauvaise action. Je crains d'autant moins d'employer cette dernière expression que tout le clergé sait ou doit savoir l'État cruel du plus illustre2 de ses défenseurs, et qu'il sait en outre que le Correspondant est loin d'être l’œuvre exclusive et isolée de quelques laïques. L'Univers, avec l'instinct d'un ami qui a besoin de faire illusion, dit fort justement que cet article emprunte son importance apparente au voisinage de votre grandeur, et je vous ai entendu, Monseigneur, parler toujours de la secte de L'Univers avec un si juste sentiment d'éloignement que je suis sûr de ne point encourir votre déplaisir en vous signalant un fait si anormal dans votre diocèse. Veuillez agréer, Monseigneur, avec ce respectueux hommage de ma vieille confiance celui de ma très haute et très inaltérable vénération.
