CECI n'est pas EXECUTE 27 octobre 1875

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27 octobre 1875

Vincent Ancessi à Alfred de Falloux

27 octobre 1875

Monsieur le comte,

Vous ne savez pas combien vous avez d'amis inconnus qui lisent avec joie vos ouvrages et suivent avec émotion toutes les  péripéties de cette longue lutte engagée d'abord par cette phalange d'homme éminents tombés à coté de vous et qu'aujourd'hui vous soutenez seul avec Mgr d'O[rléans), tous deux également illustres et dignes héritiers de tant de dévouement, de talent et de gloire. Mais si vous êtes seuls survivants de ces âges héroïques, il reste encore sur notre terre de France si humiliée des hommes qui n'ont pas vu sans doute ces journées brillantes - ils sont trop jeunes - mais qui les ont entendus raconter avec larmes et qui vivent de ces souvenirs et s'exaltent à ces récits. Malgré leur obscurité en se réclamant de vous et des vôtres, ils se sentent meilleurs et plus forts. Que de fois avec nos amis, nous aurions voulu vous le dire, assurés que ce serait pour nous un encouragement presque une récompense, peut-être pour vous même une consolation et une faible espérance, en ce temps où on n'espère plus. Mais il ne s'est pas rencontré d'occasion; aujourd'hui, plus heureux, j'ai un prétexte sur un point obscur mais intéressant de la vie du peuple hébreu. Vous me permettrez, Monsieur le comte, de vous l'offrir, non pas pour ce qu'il vaut, j'en connais mieux que personne les cotés faibles, mais ce sera un témoignage de ma respectueuse sympathie et de mon admiration. Nous n'avons plus Montalembert, Ozanam1, Cochin que vous avez fait tant aimer; il ne nous reste que deux hommes de cette illustre famille: il faut donc que vous nous permettiez de reporter sur vous tout ce qu'en notre cœur nous leur gardons de reconnaissance et j'oserais à dire d'ardentes affection. Vous me trouverez peut-être osé, Mr le comte, de vous parler de la sorte moi qui vous resterai sans doute toujours inconnu; mais c'était un besoin de mon cœur, ce m'est une douce joie; il me semble que je m'acquitte d'une dette d'honneur. Je vous prie, Monsieur, d'agréer ces sentiments avec l'assurance du profond respect de la reconnaissance et du dévouement de votre serviteur très humble.  

Notes

1Ozanam, Antoine Frédéric (1813-1853), italien d’origine, il effectua ses études secondaires à Lyon. Professeur à la Sorbonne (1844). Fondateur en 1833 de la Société de Saint-Vincent de Paul, en 1848, il créa, avec l’abbé Maret et le P. Lacordaire, L'Ere Nouvelle, journal catholique et démocrate.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «27 octobre 1875», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, 1875, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 22/10/2012