CECI n'est pas EXECUTE 15 février 1879

1879 |

15 février 1879

François Mignet à Alfred de Falloux

Paris, 15 février 1879

Mon cher et aimable confrère, je vous remercie bien tard des deux numéros du Correspondant1 dont vous avez bien voulu me faire l'envoi. Vos articles m'ont vivement intéressé. Dans celui du 25 janvier, vous racontez d'une manière aussi agréable que saisissant, tout ce qui s'est passé et dit au château d'Angerville pendant les premières et belles journées de mai 1858. Je ne me souviens pas, sans plaisir, de cette charmante réunion chez M. Berryer qui, en homme de beaucoup d'esprit et en note très aimable, reçut si cordialement des personnes qui n'étaient pas toutes dans les mêmes voies politiques que lui, mais que rapprochaient alors les mêmes regrets de la liberté perdue et même souhait d'un régime meilleur pour la France. Je n'ai pas besoin de vous dire tout ce que j'ai ressenti en vous lisant. Vos récits, son plein d'agrément et d'habileté. V ous animez tout ce que vous racontez et, dans vos relations, les sentiments d'autrui paraissent presque entièrement semblables aux vôtres.

J'ai vu, dans votre article du 10 février2, ce que dit de moi M. l'évêque d'Orléans à propos de la publication des œuvres posthumes de M. Thiers. J'ai été fort touché de la confiance qu'exprimer à mon égard, Mgr Dupanloup, en vous écrivant. J'ai reconnu là les sentiments de bienveillance et d'estime auxquels il m'avait accoutumé depuis longtemps. Mais permettez-moi de vous dire que M. l'évêque d'Orléans dans vous admirez et louez si bien les hautes qualités, montrait trop de défiance quand il semblait craindre que d'autres que moi pussent ne pas reproduire, avec une pleine sincérité, les œuvres posthumes de M. Thiers. Personne n'altérera jamais les écrits, soit philosophiques soit politiques du plus sincère des hommes, de celui qui avait pris pour règle cette belle devise : Patriam dilexit, Veritatem coluit3, et qui a toujours écrit, parlé, agi de façon à s'y montrer fidèle.

Croyez, mon cher et aimable confrère, à mes sentiments bien affectueux et tout dévoués.

                                                               Mignet

Notes

1Il s'agit de De la contre-révolution et de L'évêque d'Orléans.
2Article de Falloux sur Mgr Dupanloup, mort quelques mois plus tôt.
3« Aima sa patrie, cultiva la vérité.»

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «15 février 1879», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, 1879, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 08/07/2011