1879 |
27 juin 1879
Alfred de Falloux à Armand de Mackau
27 juin 1879
Mon cher Armand,
je veux compléter le plaisir que je te dois en t'en remerciant et en t'en félicitant ; j'espère que Mathilde et Anne ont assisté à ce beau succès et je les félicite également. Tu t'es montré à la hauteur de la cause ; l'attention émue de la chambre l'a bien prouvé et M. Spuller1 aussi t'a rendu témoignage par l'impuissant essai de sa réponse. Te voilà désormais enrôlé et classé parmi ceux qui peuvent faire entendre à notre malheureux pays des paroles de raison et de salut. C'est une grande grâce de Dieu et tu t'en montreras de jour en jour plus digne par le travail, le courage, j'en jouis du fond du cœur et ma pensée qui vit habituellement beaucoup plus avec les morts qu'avec les vivants se reportait sans cesse en t'écoutant vers ton père, ta mère, et ta tante que tu n'as certainement pas oublié non plus ni en montant à la tribune ni en descendant.
L'excellent abbé Houssaye2 voudra aussi bien aussi, je l'espère, après mes compliments et il commence peut-être à pardonner aux pauvres gens qui ont tenté de combattre et d'arrêter l'usage du mot contre-révolution parmi les catholiques ?
J'ai reçu ta brochure en en goûtant fort l'à-propos et je te l'aurais exprimé tout de suite si déjà je n'avais attendu ton discours et prévu ce qu'il devait être. Je t'ai envoyé aussi avec tristesse la réponse de M. Hetzel3 et tous mes vœux pour que Mame4 ne suivit pas les mêmes errements. Ai la bonté aussi de dire aussi à Annette et à ton beau-frère combien j'ai été heureux d'apprendre à leur parti, avant de quitter Paris, que l'alarme avait cessé rue de Varenne.
Merci encore, mon cher ami ; Madame de Caradeuc et Loyde te disent comme moi bravo ! Bravo ! La lutte n'est pas finie et nous allons t'y accompagner avec toute la sollicitude d'un vrai et fidèle attachement.
A. de Falloux