1878 |
6 novembre 1878
Henri de Mayol de Lupé à Alfred de Falloux
Nuits1 (Côte d'Or), 6 novembre 1878
Monsieur le Comte,
Je ne sais de quel procédé vous avez pu vous plaindre directement à l'Union, et je vous aurais été reconnaissant de me signaler les inexactitudes nombreuses et regrettables que vous avez relevés dans ma lettre. Mais je tiens à vous remercier des témoignages que vous voulez bien m'accorder et dont je sens tant le prix.
Permettez-moi toutefois de vous dire que je ne puis être séparé du journal où j'ai l'honneur d'écrire. Ma responsabilité est d'autant plus engagée dans tout ce qui se fait à l'Union que la confiance dont je suis honoré et mon propre caractère y garantissent ma pleine indépendance. Je sais obéir, il est vrai, car la discipline volontaire est à mes yeux la première des vertus politiques et le respect de l'exil m'en a toujours fait un devoir. Mais ma conscience n'en est pas moins libre et je ne lui ferai jamais violence.
Les allusions que vous inspire le souvenir du Manifeste daté de Chambord sont étrangères à notre discussion et manquent d'exactitude. Vous prononcez le nom de M. Laurentie, c'est une occasion pour moi, Monsieur le Comte, de payer un nouveau tribut à la mémoire du maître vénéré qui m'a donné, en cette circonstance, comme en tant d'autres, l'exemple de la plus fière liberté d'esprit unie à la plus inaltérable fidélité. N'est-ce pas là tant le secret de la dignité et de la foi royalistes qui animent nos cœurs sous le glorieux drapeau de la monarchie française ? J'aimerais à dire publiquement ce que je vous écris ici, et je vous demande l'autorisation de publier votre lettre avec ma réponse. Je m'estime heureux de la sympathie dont vous m'avez adressé la flatteuse expression et j'y trouve un précieux encouragement. Veuillez agréer, je vous prie, Monsieur le Comte, l'hommage de mes sentiments les plus distingués.
H. Mayol de Lupé
