1885 |
29 décembre 1885
Louis Baunard à Alfred de Falloux
29 décembre 1885
M. le comte,
Permettez moi d'avoir l'honneur de vous offrir l'hommage très particulier de l'Histoire du Cardinal Pie1, qui vient de paraître. Il vous est dû à bien des titres.
D'abord, je n'ai pas oublié M. le comte avec quelle parfaite obligeance vous avez bien voulu me fournir tous les documents relatifs à sa nomination2, avec plusieurs modifications fort précises sur divers faits de sa vie, lorsque je commençais à l'écrire. Et surtout jamais personne n’oubliera que c'est à vous qu'appartiennent l'honneur et le mérite de cette nomination qui comptera au nombre des meilleurs services rendu par vous à l’Église, durant votre trop court passage au ministère.
Ce livre, M., s'est beaucoup inspiré de ce sentiment de juste reconnaissance. Si quelque unes de vos pensées y sont une ou deux fois en opposition avec les siennes et en conséquence fort respectueusement combattues par lui, par contre, vous êtes plus souvent remercié et loué sous la plume de l'homme dont vous apprécierez de plus en plus tous les dons. Inutile d'ajouter que je me suis bien gardé de laisser rien paraître de certaines difficultés personnelles survenues entre vous et bien oubliées depuis, dont j'ai trouvé quelques vestiges dans votre mutuelle correspondance. En tout, j'ai désiré vous montrer l'un et l'autre avec la dignité et l'honneur qui appartiennent à des serviteurs sincères de l’Église, bien que divisés d'opinion sur la meilleure manière de la servir. Vous pourrez vous assurer d'ailleurs M. le comte que tel est bien l'esprit de ce livre tout entier, auquel hier matin un très haut personnage ecclésiastique, très autorisé par la confiance du Pape, m'écrivait qu'il rendait hommage à l'esprit pacifique qui avait présidé à sa rédaction, malgré les difficultés que j'avais dû rencontrer et qu'il aimait à croire que le souverain Pontife serait satisfait de mes efforts pour entrer dans ses vues. C'est bien mon plus grand désir qu'il en soit ainsi de plus en plus, dans mes écrits et dans ma vie. Et je serai sincèrement obligé à ceux qui comme vous, M le comte, m'aideront de leurs lumières à marcher dans les voies de vérité et de paix.
Veuillez donc agréer de nouveau mes remerciements avec l'hommage du profond respect dans lequel j'ai l'honneur d'être votre obligé serviteur.
L. Baunard
