1871 |
23 juin 1871
Louis-Jules Trochu à Alfred de Falloux
Versailles, 23 juin 1871
Mon cher comte,
Je suis profondément touché des marques d'affectueuse estime et de bonne amitié que vous m'adressez. Elles ont pour moi une saveur tout à fait spéciale et elles m'honorent au plus haut point. Que n'êtes-vous membre de notre assemblée pour lui donner, avec votre ferme modération, et avec votre talent supérieur, les exemples et les directions qui lui manquent. Je n'augure pas bien, je vous le dis à vous, de l'avenir de notre infortuné pays. Plus je l'étudie, plus je constate que les effrayants avertissements providentiels qu'il a reçus, n'ont pas suffi à éclairer les esprits, à relever ses caractères, à fortifier les âmes. La division des partis, les ambitions, les compétitions et toujours, vers les places et vers les oripeaux, la course au clocher, voilà ce que j'ai sous les yeux, c'est accablant et écœurant !
Je ne suis plus guère ma correspondance. Ma santé à présent affaiblie, et le temps dont je dispose au milieu des agitations et des travaux obligés, n'y suffisent plus. Je veux cependant écrire quelques lignes à votre excellent ami le c[om]te de Bertou. Je les lui dois, et je vous serai reconnaissant de me donner son adresse sur une carte que vous m'enverriez par la poste.
Veuillez agréer, mon cher comte, avec tous mes vœux pour votre disputée et bien précieuse santé, l'assurance de mon sincère dévouement.
Gal Trochu