CECI n'est pas EXECUTE 14 septembre 1880

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14 septembre 1880

Louis Baunard à Alfred de Falloux

Orléans, 14 septembre 1880

Monsieur le Comte,

Je vous suis profondément reconnaissant du double et précieux envoi que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser. Les lettres échangées au sujet de la présentation de M. l'abbé Pie à l'évêché de Poitiers sont pour l’œuvre que j’entreprends une pièce maîtresse. Ceux qui  comme moi, Monsieur le Comte, estiment que ce choix fut un bienfait pour l’Église sauront - et au besoin je le leur rappellerai - en faire remonter l'honneur à qui de droit. Je connaissais, - et qui ne connaît pas ? - l'admirable correspondance du P. Lacordaire et de Mme Swetchine1 ; mais je m'estime heureux d'en tenir le volume de votre main. C'est bien le livre où se révèle le mieux, dans sa splendide beauté, l'âme de votre saint et éloquent ami. Pourquoi me soupçonnez-vous de lui être peu sympathique ? J'ai pu regretter quelques illusions de ce généreux cœur peut-être trop épris des idées de son siècle ; mais ces ombres flottantes à la surface de son esprit étaient noyées dans des flots de lumière, il aimait la vérité d'une tendresse si délicate et si fidèle, et son humilité répondait si complètement de sa docilité, que je ne lui retire rien du culte d'affection et d'admiration qui fut une des plus vives passions de ma jeunesse.

Soyez donc, Monsieur le Comte rassuré sur l'esprit qui présidera à mon entreprise. Ce sera Dieu aidant, non l'esprit de passion mais le seul esprit de foi. Je regarde l’Église, j'écoute le Saint-Siège et je transmets ses jugements qui sont devenus les miens. C'est inévitablement une lumière tranchée, mais c'est aussi une lumière sereine. J'espère que personne n'en sera troublé ni contristé.

Que Dieu vous paie, Monsieur le Comte, par une vieillesse tranquille, le prix du bon combat que vous avez soutenu pour sa cause! C'est le vœu que je me permets de joindre aux remerciements que vous fait, avec un profond respect votre obligé serviteur.

Baunard.    

Notes

1Correspondance du R. P. Lacordaire et de Mme Swetchine, publiée par le Cte de Falloux, Didier, Paris, 1864

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «14 septembre 1880», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, 1880, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 07/04/2013