CECI n'est pas EXECUTE 12 septembre 1880

1880 |

12 septembre 1880

Alfred de Falloux à Louis Baunard

10 ou 12 septembre 1880

Mr. l'abbé,

Encouragé par l’accueil que vous avez bien voulu faire à ma première lettre je profite de mon retour au Bourg d'Iré pour vous envoyer un dossier plus complet.

Le 25 avril 1849, j'avais envoyé à tous les évêques une lettre circulaire par laquelle je sollicitai d'eux une liste des sujets les plus aptes à l'épiscopat. La première réponse datée du 28 avril émanait de l'évêque de la Rochelle1. Elle débutait ainsi : « M. le ministre, depuis quelques années le gouvernement précédant avait cessé, à ce qu'il paraît, d'adresser à plusieurs évêques des demandes de la nature de celle que renferme la lettre dont vous m'honorez, le 25 du courant j'ai soupçonné peut-être à tort que cette exception écartait spécialement ceux des prélats qui avaient ouvertement signalé leur désir pour la liberté vraie et sincère de l'enseignement. On les exceptait aussi des faveurs que l'on accordait libéralement à d'autres. Je m'étais résigné au silence avec d'autant de peine que rien ne me parait plus délicat pour la conscience que l'indication des sujets propres à remplir de graves fonctions de l'épiscopat. Voulant aujourd'hui répondre à votre religieuse attente je puis et je dois même à mon préjudice le cas échéant, vous faire remarquer les rares qualités de M. L'abbé... »

Le premier je recevais une réponse de l'évêque d'Arras, cardinal de la Tour d'Auvergne2 dont j'extrais le passage suivant: « ...Évêque depuis 47 ans finis ce mois-ci, je vois l'épiscopat autrement peut-être que bien des personnes, plus dignes que moi toutefois. J'ai parcouru tant de révolution, j'ai été soumis à tant de divers gouvernements que je vois en même temps dans l'évêque le pasteur qui doit (ou voit) paître ses brebis, et l'apôtre qui doit les évangéliser. J'ai mis exprès l'obligation de paître ses brebis avant celle d'évangéliser, parce que ma longue et vieille expérience m'a appris que l'évêque doit être administrateur avant tout s'il veut avec le concours des autorités et des populations opérer un bien facilement, qui soit vrai et solide, sans regarder nul l'épiscopat d'un évêque qui ne se plie point à être administrateur et qui abandonne, pour évangéliser, le soin du gouvernement de son diocèse à ses grands vicaires. Outre que cet abandon rompt l'unité du gouvernement, il expose le clergé à subir des partialités et l'effet de préventions fâcheuses, et il enlève à l'évêque les sentiments d'estime, de respect et d'affection qui lui sont dus. Sans doute l'évêque doit évangéliser, il est le protecteur le défenseur et le soutien de la doctrine ; il est le maître en Israël ; mais il a pour la prédication une longue suite de coadjuteur qui peuvent dignement porter la parole sainte aux fidèles et travailler ses instructions pastorales et ses mouvements. Je crois pouvoir me défier d'un évêque plus occupé de montrer sa science que de la bonne et sage direction de son troupeau. Si Saint Paul revenait dans le monde, il reconnaîtrait la différence du premier siècle de l’Église d'avec le 18ème siècle et il recommanderait j'en suis convaincu, l'administration gouvernementale aux évêques. Il leur dirait, au surplus que le précepte, pasce agnus meos3 renferme la nécessité de l'administration.»

L'évêque de Luçon4 me répondait le 11 mai. L'évêché de Poitiers était vacant5 et il me désignait pour ce siège M. Cousseau6, vicaire général de Poitiers, aujourd'hui évêque d'Angoulême. Mgr l'archevêque de Toulouse7, avant de me désigner les sujets sur lesquels il appelait ma préférence, me présentait dans une lettre du 12 mai quelques observations générales sur lesquelles, me disait-il, il croyait utile d'appuyer. « ...Votre excellence se trouvera fort bien de mettre en principe que les sujets qui sollicitent ou font solliciter par eux-mêmes l'épiscopat ne méritent pas d'y être promus. Ils ne savent pas ce qu'ils demandent. Ils ne voient dans cette dignité que ce qui flatte leur ambition, et nullement les devoirs qu'elle leur impose aussi ne sont-ils pas zélés pour les remplir. S'ils y mettent quelques empressement dans le principe, ils s'en lassent bientôt. On ne peut pas attendre d'eux le dévouement qui porte un évêque à tous les sacrifices que peut demander la défense de la religion. »

Ce qu'il y a de curieux dans ce souvenir, c'est que durant une année de ministère, il ne s'est présenté qu'un seul et unique cas d’ecclésiastique témoignant lui-même le désir d'être promu à l’Épiscopat et que cet ecclésiastique était de Toulouse. Je ne me contentai pas de lui répondre combien j'étais affecté de sa lettre mais je déposai une note au ministère des cultes, contenant ces simples mots (note qui doit s'y trouver encore) : Mr l'abbé XXX a sollicité l'épiscopat ; donc il n'en est pas digne.

A cette même date de Mai, M. Claude de Montals8, évêque de Chartres m'écrivait la lettre suivante dont voici M. l'abbé la copie intégrale et textuelle : « M. le Ministre, je m'empresse dés aujourd'hui de répondre à la marque de confiance que vous nous avez donné, en nous demandant des renseignements sur les sujets propres à l'épiscopat. Ce sont pour moi, je puis le dire de très heureuses prémices dans l'accomplissement de ce devoir. Je n'ai point connu de sujets plus capables de remplir avec éclat les fonctions épiscopales que M. l'abbé Pie mon grand vicaire. Il a beaucoup de savoir, beaucoup d’esprit, une piété très solide, une éloquence qui lui a acquis déjà une célébrité qui ne peut manquer de devenir universelle quand on l'aura entendu à Paris et dans les autres grandes villes. Il n'a que 34 ans et je le regarde déjà sans difficultés comme l'un des ecclésiastiques de France les plus distingués. Je le sacrifierai avec beaucoup de peine, mais nous ne devons chercher que la plus grande gloire de Dieu. Il parle sans aucune prévention. Cette nomination ajoutera un nouveau lustre à votre ministère qui a déjà tant de droits à l'estime et à la reconnaissance de tous les catholiques français. J'ai l'honneur d'être avec une haute considération et un très sincère dévouement, Mr le Ministre, votre très humble serviteur, évêque de Chartres, Chartres le 12 mai 1849. »

Le 16 mai, je recevais une autre proposition pour l'évêché de Poitiers, non d'un évêque mais de l'avocat général à la cour d'appel de cette ville, et elle contient cette particularité que Mgr Guitton9, prédécesseur de Mgr Pie, est mort comme lui en tournée épiscopale, et avec le pressentiment d'une fin prochaine. Après quelques excuses préliminaires, M. l'avocat général, dont je ne lis pas bien la signature aujourd'hui mais qui, peut-être, existe encore à Poitiers, s'exprimait ainsi : « J'étais l'ami de M. Guitton, il m'honorait de sa confiance  et de son affection ; il y avait entre nous des relations de tous les jours, de tous les instants. Sa mort qui est un malheur public est pour moi une de ces douleurs que le temps adoucit sans les effacer jamais. La veille de partir pour la fatale tournée dont les fatigues ont peut-être hâté la fin, il avait avec moi une de ces conversations qui ne s'oublient pas. Depuis plusieurs jours, il avait le pressentiment de sa mort prochaine. Revenez me voir demain me dit-il, mon ami, nous ne nous reverrons plus. M. de Rochemonteix son premier grand vicaire, vint causer quelques instants avec lui, puis il nous quitta. Je le laisse à Poitiers, continua-t-il, je suis tranquille sur mon administration. Je voudrais être remplacé par lui. Dites-le. Je vous le dis, M. le ministre, je regardais alors ces paroles comme l’expression d'une mélancolie profonde ; j'étais loin de les croire prophétiques. Il avait pour M. de Rochemonteix autant d’estime que d'affection. C'est, me disait-il souvent, le plus fort théologien que j'ai rencontré ; son jugement est sûr ; sa prudence ne l'abandonne jamais ; il est excellent administrateur et il connaît mieux que moi le personnel de mon diocèse et l'esprit de ses populations.... »

Le reste de la lettre était consacré à appuyer la candidature de Mr. de Rochemonteix. Mon attention était donc particulièrement appelée sur M. l'abbé Cousseau, sur M. l'abbé de Rochemonteix et sur l'abbé Pie, lorsque le 18 mai, je reçus une lettre de Mgr Morlot10, archevêque de Tours, répondant aussi à ma lettre du 25 avril. Il m'indiquait deux sujets avec de fortes réserves, au point de vue spécial du diocèse de Poitiers ; il ajoutait : « En 3ème lieu, je signalerai à l'attention de M. le Ministre, M. l'abbé Pie, grand vicaire à Chartres. Il est jeune encore (30 à 36 ans, à ce que je crois), mais c'est un ecclésiastique d'une haute et bien rare distinction. Je crois la piété très grande, les mœurs parfaites ; pour les talents, pour l'instruction, pour les capacités, pour le caractère, pour le don de la parole, pour le tact, l'habileté, le savoir-faire, je ne connais rien de plus éminent, rien même qui en approche. N'ayant jamais vécu avec lui, je ne puis rien dire du côté faible. On pourrait le savoir facilement s'il y en a un. Pour moi, c'est un rare assemblage des qualités les plus remarquables et les plus attachantes. Il me semble destiné à faire le plus grand honneur à l'épiscopat et à rendre les plus précieux services à l’Église.»

Le 20 mai l'archevêque de Tours m'écrivait de nouveau pour me dire qu'il venait de recevoir une députation de Poitiers, le priant d'appuyer prés de moi M. Samoyault11, vicaire général comme l'homme qui réunissait toutes les distinctions désirables dans les circonstances présentes.

La nouvelle qu'une certain agitation régnait dans le diocèse de Poitiers pour le choix du successeur de Mr Guitton, la mise en concurrence des trois ecclésiastiques du pays représentant chacun trois fractions diverses de l'opinion locale, MM. Cousseau, Rochemoneix et Samoyault, me décida à fixer mon choix en dehors du diocèse et à presser la décision de M. le Président. Le suffrage de trois hommes aussi modérés que le P. de Ravignan, le duc de Noailles, l'archevêque de Tours, auxquels s'était joint postérieurement l'abbé Dupanloup, enfin la lettre à la fois si compétente et si touchante du vieil évêque de Chartres me déterminèrent  en faveur de l'abbé Pie, sans que je crusse nécessaire de prendre d'autres informations ou de le voir moi-même. Je puis affirmer que parmi nos contemporains, personne n'est entré dans l'épiscopat avec plus de garanties, de calme de maturité précoce et de modération. C'est à vous M. l'abbé qu'il appartiendra de constater jusqu'à quel point M. l'évêque de Poitiers est demeuré fidèle à ses premiers augures et à ses premiers répondants.

Pour vous aider autant que cela peut dépendre de moi, M. l'abbé, à éclairer votre jugement, je crois devoir vous offrir aussi des documents authentiques au sujet d'une affaire qui a longuement et fortement préoccupé l'évêque de Poitiers, je veux dire la mise à l'index de la philosophie de M. Cousin12. A cet effet, je vous envoie d'abord par le même courrier, un volume contenant la correspondance du P. Lac[ordaire] et de Mme Swetchine. J'ai quelque lieu de douter de la vivacité de votre sympathie pour ces deux correspondants, et je ne vous demande pas de lire le volume tout entier13, mais j'ose vous recommander spécialement les lettres de l'année 1856-1857 qui terminent le volume, et l'appendice qui leur sont d'indispensable corollaire.

Vers cette époque je fus averti que l'évêque de Poitiers spécialement et quelques uns de ses amis avaient obtenus la condamnation de M. Cousin à Rome, que cette condamnation était soumise à la signature du Pape, qui s'en montrait un peu troublé et que si nous pouvions obtenir de M. Cousin lui-même une démarche filiale, la condamnation qui aux yeux de beaucoup de gens ferait plus de mal que de bien pouvait encore être conjurée. Je communiquai aussitôt mes renseignements à l'archevêque de Paris, à M. l'abbé Maret, alors professeur en Sorbonne et nos efforts réunis obtinrent de M. Cousin la lettre qui termine le volume que je me permets de vous offrir. Une dissidence s'éleva alors sur la meilleure manière d'user de ce document. Mgr Sibour14 avait dans cette affaire, deux convictions également enracinées : la première que l'évêque de Poitiers s'était fait un point d'honneur personnel de cette condamnation et que rien ni personne ne l'empêchera de la poursuivre ; la seconde que l'évêque de Poitiers s'était créé dans l'entourage de Pie IX des auxiliaires animés de la même passion et qu'avant d'envoyer la lettre de M. Cousin à Pie IX, il fallait obtenir de Rome l'engagement formel que la procédure de l'Index serait annulée. Je n'avais point d'autorité pour combattre l'avis de l'archevêque de Paris en pareille matière et je m'inclinai. Néanmoins, sa résolution me paraissait un peu excessive dans sa méfiance, et comme on m'écrivait souvent de Rome : « Hâtez-vous et envoyez la lettre de M. Cousin à Pie IX, sinon vos retards que l'on ne comprend pas ici, vont amener précisément le malheur que nous voudrions conjurer. » J'étais porté pour mon propre compte à en juger ainsi, et je crus en entrant dans une voie un peu plus douce que celle de Mgr Sibour, rendre un plus vrai service à M. Cousin. J'envoyai donc à Rome copie de la lettre dont j'étais également détenteur en ne cachant pas dans quels sentiments je me permettais cette démarche et je prie soin de n'avertir l'archevêché de Paris que lorsque ma lettre était partie. L'archevêque s'en montra aussitôt infiniment ému : « Votre intention est très louable, me dit-il, mais soyez sûr que tout est perdu. Les hommes que je connais mieux que vous vont faire trophée de la lettre de M. Cousin, et se montrer d'autant plus incapables vis-à-vis de lui. » Malheureusement Mgr Sibour avait raison et j'avais eu tort. Peu de jours après l'arrivée de la lettre de Cousin à Rome, le nonce se présente chez M. Cousin avec un formulaire, le même que celui qui venait d'être signé à Vienne par un grand vicaire du cardinal Schwarzenberg15 et le somma de le signer. M. Cousin se récria, fit observer qu'il n'était point grand vicaire, déclara qu'il avait offert de corriger ses livres de philosophie à Rome, qu'il l'offrait encore et se soumettrait docilement aux corrections qu'il recevrait des théologiens romains. Mais que quant à signer des formulaires dont les termes dépassaient à plusieurs égards sa pensée, il ne s'était jamais engagé à le faire et ne le ferait pas. Nous n'eûmes donc plus d'autre ressource que de nous adresser directement au cœur de Pie IX, en dehors de tous les intermédiaires officiels, et nous réussîmes à grand peine, mais enfin nous réussîmes, et l'affaire n'eût pas d'autre suite qu'une blessure dans le cœur de Cousin qui demeura saignante jusque dans les dernières années. Tout ceci s'était passé de vive voix entre M. l'archevêque de Paris et moi, plusieurs détails se sont effacés dans ma mémoire, mais vous les trouverez probablement plus détaillés dans la mémoire de M. l'abbé Maret, auquel vous pouvez sans difficulté montrer ma lettre. Je vous envoie aussi comme complément de renseignements les deux lettres suivantes tout entières écrites de la main de Mgr Sibour et qui me furent adressées par lui, l'une avant mon imprudence accomplie, l'autre président que M. Cousin était mis aux prises avec le formulaire.

- Paris, le 15 mai 1856

A travers mes courses de confirmation, je n'ai que le temps, mon cher Mr, de vous supplier de ne rien envoyer à Rome. Une copie de la lettre sans la correction que j'ai obtenue, gâterait tout ; et même avec la correction, cet envoi contrarierait les démarches que j'ai faites pour obtenir l'annulation de ce qui s'est déjà fait. J'espère beaucoup mais l'envoi immédiat de la lettre détruirait toutes mes espérances. Votre très affectueusement dévoué. Archevêque de Paris.

P.S. Je vous expliquerai tout à votre retour.

- Château de Belle-eau, près Donzère (Drôme), 28 juillet 1856

Mon cher Mr, La tournure que prend l'affaire de M. Cousin me plonge comme vous dans la douleur. Cette douleur est fondée principalement sur mon amour pour le Saint Siège, dont on veut compromettre l'honneur en le poussant à de telles extrémités. M. Cousin revient peu à peu à la foi chrétienne. Des doutes lui restent encore ; il ne pouvait pas signer dés lors une profession de foi explicite sans mentir à sa conscience. N'importe, on lui propose de la signer sous peine de se voir flétrir. On veut donc en faire un hypocrite, un parjure !  M. Cousin dans cet état de doute, promet de ne rien écrire de contraire à la doctrine catholique, en attendant que pour la prière, il ait obtenu le don de la foi. Il semble que c'est tout ce qu'on peut exiger d'un enfant de l’Église. Non ce n'est pas assez, il faut qu'il dise qu'il a la foi pleine et entière lorsqu'il ne l'a pas encore ! Puis quand il aura signé tout ce qu'on veut lui faire signer, on publiera le décret contre son livre, c'est-à-dire que lorsque l'enfant se sera soumis, pour le récompenser de son obéissance on lui donnera les étrivières ! Enfin M. Cousin demande au nonce apostolique communication du rapport fait à la Congrégation non pour le discuter mais pour corriger son livre dans le sens de ce rapport et on la lui refuse ! M. Cousin demande où est la justice! Tout le monde se le demande aussi. Vous comprenez M. le comte que je n'ai pas tenu ce langage à M. Cousin. Je l'ai engagé au contraire à se recueillir en Dieu et à se mettre par la prière dans le cas de pouvoir donner au Saint Père la satisfaction que sa sainteté demande. Mais il n'en est pas moins vrai qu'on ne peut pas commander à Dieu, brusquer les moments de sa grâce, et qu'il y a dans ces maladroites exigences quelque chose de profondément déplorable. Il faut y voir la main secrète de ce parti que vous avez démasqué et qui perdrait l’Église si l’Église pouvait être perdue. Après tout ce que j'ai écrit à Rome, je ne suis peut-être plus en mesure de parler aussi nettement que je viens de le faire avec vous. Je dois croire, en effet, que j'y ai épuisé mon crédit puisqu'on n'a tenu aucun compte de mes premières lettres. Vous êtes dans une meilleure situation, continuez à écrire avec énergie ; parlez au nom de la religion de l'honneur du Saint Siège et du salut des âmes. Tout enfant de l’Église doit signaler au Père commun les dangers que des esprits exaltés ou égarés s'efforcent de lui cacher. Je viens d'écrire moi-même au Saint Père dans une certaine mesure. Cependant à la fin de ma lettre, je dis que si la lettre filiale de M. Cousin n'a pour résultat que d'attirer de pareilles sévérités sur son auteur, nous n'aurons plus, M. le comte de Falloux et moi, qu'à nous envelopper dans notre douleur et à nous plaindre à Dieu, mais à Dieu seul, de ce que notre honneur, engagé sous quelques rapports dans cette affaire, ait été estimé si peu de choses à Rome qu'on n'en a tenu aucun compte. Soyez pleinement rassuré, mon cher Monsieur en ce qui vous touche. Je connais la noblesse de vos sentiments et votre excellente lettre n'a fait qu'ajouter à la haute et affectueuse estime avec laquelle je suis tout à vous. Auguste, Archevêque de Paris.

A. de Falloux

Notes

1Mgr Clément Villecourt (1787-1867), prélat. Ordonné prêtre en 1811, il fut nommé vicaire général à archidiocése de Sens, puis évêque de La Rochelle en 1838. Créé cardinal le 7 décembre 1855, il choisit quelques mois plus tard de résigner et d'aller résider à Rome.
2Mgr La Tour d'Auvergne, Hugues-Robert-Jean-Charles (1768-1851), prélat. Ordonné prêtre en 1792, il fut nommé vicaire d'Amiens, puis évêque d'Arras en 1802. Élevé au cardinalat en 1839, il refusa sa nomination quelques mois plus tard comme archevêque de Paris.
3« Paissez mes agneaux »
4Mgr Baillès Jacques II Marie-Joseph (1798-1873), prélat. Vicaire général de Mgr d'Arbou, évêque de Bayonne, puis de Mgr d'Astros, évêque de Toulouse, il fut nommé évêque de Luçon en 1850. Contraint à la démission par le gouvernement impérial pour cause d'intransigeance et de légitimisme absolu, il se retira à Rome où il fut promu consulteur des congrégation de l'Index et des Rites.
5Mgr Guitton, alors évêque de Poitiers, mourut le 7 mai 1849.
6Cousseau, Antoine Charles (1805-1875), prélat. Ordonné prêtre en 1829, il fut nommé vicaire général et supérieur du grand séminaire de Poitiers, puis évêque d’Angoulême (17 juin 1850) jusqu'en 1872, date à laquelle il démissionna et fut nommé chanoine du Chapitre de Saint-Denis. Il était aussi littérateur et historien.
7Mgr D'Astros, Paul-Thérèse-David (1772-1851), prélat. Ordonné prêtre en 1797, ce neveu de Portalis participa à l'élaboration du Concordat de 1801. Nommé vicaire de l'archevêque de Paris, Mgr de Belloy, il administra le diocèse pendant quelques mois peu après la mort de Mgr de Belloy (1809). Ayant publié la bulle de Oie VII excommuniant Napoléon Ier, il fut emprisonné à Vincennes jusqu'en 1814. Nommé évêque de Bayonne en 1820, puis archevêque de Toulouse en 1830, il fut élevé au cardinalat par Pie IX en 1850 à la demande de Louis-Napoléon Bonaparte, lors président de la République ?
8Mgr Clausel de Montals, Claude-Hyppolite (1769-1856), prélat. Ordonné prêtre en 1805, il fut nommé évêque de Chartres en 1824. Il résignera ses fonctions en janvier 1853.
9Mgr Guitton, Joseph-André (1797-1848), évêque de Poitiers de 1842 à sa mort.
10Mgr Morlot, François-Nicolas-Madeleine (1795-1862), prélat. Ordonné prêtre en 1820, vicaire général en 1830 et chanoine du chapitre de la cathédrale de Dijon en 1833, il fut nommé évêque d'Orléans en 1839 puis archevêque de Tours en 1842. Il sera créé cardinal-prêtre en 1853 avec le titre de Saint-Nérée et Achille, puis, après l'assassinat de Mgr Sibour, le 3 janvier 1857, il deviendra archevêque de Paris.
11Pierre Samoyault (1788-1878), prêtre. Vicaire général de Poitiers.
12A la différence de Mgr Sibour, qui comme son prédécesseur à l'archevêché de Paris, Mgr Affre, s'était préoccupé de préserver de l'Index l’œuvre majeure de Victor Cousin, Le Vrai, le beau et le bien, Mgr Pie plaidait en faveur de la mise à l'Index de l'ouvrage.
13A. de Falloux, Correspondance du R. P. Lacordaire et de Mme Swetchine, Paris, Didier, Paris, 1864.
14Mgr Sibour est alors archevêque de Paris.
15Mgr Schwarzenberg, Jean-Joseph Célestin (1809-1885), prélat autrichien. Cardinal prêtre en 1842, il fut nommé prince-archevêque de Prague en 1849.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «12 septembre 1880», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, 1880, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 07/04/2013