Année 1854 |
1er décembre 1854
François Guizot à Alfred de Falloux
Paris Ier décembre 1854
J'avais espéré, Monsieur le comte, vous trouver encore à Paris où je suis rentré il y a huit jours. C'est dans cet espoir que je n'ai pas répondu à votre première lettre. J'ai reçu hier la seconde. Il y a huit jours, je vous aurais dit, sans la moindre hésitation, que j'étais tout à vous pour l'héritage académique de votre excellent ami1. Je suis arrivé à Paris convaincu que cet héritage vous allait à merveille, et décidé à faire tout ce qui dépendrait de moi pour vous y appeler. Depuis que je suis ici, la situation a un peu changé. On a fait des propositions au duc de Broglie, et il ne s'est pas montré éloigné de les accepter. En thèse générale, il convient parfaitement à l'académie qui a paru, déjà plus d'une fois, désirer qu'il se présenta ; et dans cette triste circonstance, il ne convient pas moins aux amis de M. de S[ain]te-Aulaire2, dont il était le très ancien et intime ami. Il est à Broglie, d'où il reviendra après Noël. Je crois que, s'il se présente, son élection, à une forte majorité, est à peu près certaine. Des personnes, qui se diviseraient sur tout autre nom, se réuniront sur le sien. Je me fais un devoir de vous dire exactement les choses comme elles sont. Je désire sincèrement votre entrée à l'académie, et je serais empressé d'y concourir ; mais je n'ai pas besoin de vous dire que ma voix est acquise au duc de Broglie3, s'il est sur les rangs, et qu'il en sera sans doute de même de la plupart de vos amis. Je serais charmé d'en causer avec vous quand vous nous reviendrez. J'ai bien des choses à vous dire, utile, je crois, pour assurer le plutôt [sic] possible, un succès auquel personne ne sera plus heureux que de prendre part. Vous êtes, Monsieur le comte, de ceux qui savent comprendre toutes les nécessités, et satisfaire à toutes les convenances.
Recevez je vous prie, l'assurance de tous mes sentiments de haute estime et de parfaite considération.
Guizot