CECI n'est pas EXECUTE 19 février 1851

Année 1851 |

19 février 1851

Pierre-Antoine Berryer à Alfred de Falloux

Mercredi 19 février [1851]

Mon ami, j'ai reçu la lettre telle que nous pouvions la désirer telle que nous l'avions demandée. Les bonnes raisons n'ont rencontré aucun obstacle. Il n'en faut pas moins regarder votre prochain voyage comme indispensable. Des causeries durant plusieurs jours de suite mettront l'esprit1 dans la vraie voie, et c'est cette ferme direction qui manque ; car toutes les dispositions, toutes les intentions, toutes les tendances naturelles sont excellentes. Prenez les jours de repos dont vous avez besoin, mais ne tardez pas trop à vous rendre où vous êtes appelés. Soignez tendrement votre santé si chère à vos amis, si précieuse à votre pays. Je mets grand espoir dans les résultats de votre voyage. Par l'adoption de la lettre2 les esprits sont préparés pour entendre ce que vous avez à dire3. Ce qu'il faut surtout que l'on comprenne complètement, c'est qu'il ne s'agit plus de parler seulement à des amis, de leur complaire ou de leur montrer qu'on fait cas de leur dévouement et de leur zèle ; il s'agit d'entrer en action forte et grave avec tous les partis et de commencer à régler, ainsi qu'on devra continuer de le faire.

Adieu, au bon revoir, mon noble et excellent ami, vous avez toute ma tendresse, toute mon admiration et toute la confiance de ce que Dieu m'a accordé de coeur et d'intelligence.

Dites, je vous prie, mes respectueux hommages à Mme de Falloux.

Berryer

Notes

1L'esprit du comte de Chambord.
2Il s'agit de la lettre du 23 janvier 1851 dans laquelle, le comte de Chambord, depuis Venise, fait part à P.-A. Berryer  de son désir de conformer sa politique aux aspirations de « cette politique de conciliation, d'union, de fusion, qui est la mienne » et ajoute qu'il convie les Orléans à oeuvrer au retour des Lys. Il était entendu que cet appel devait être suivi d'une démarche des Orléans auprès du prétendant. Ces derniers s'étant abstenu de toute démarche, la « stratégie » fut pour un temps enterrée.
3A. de Falloux s'apprêtait alors à publier la première partie d'un article intitulé « Les Républicains et les Monarchistes depuis la Révolution de février». Publié dans la Revue des Deux Mondes du Ier février 1851, cet article faisait valoir que les monarchistes avaient tout fait pour faire vivre alors qu'à l'inverse les républicains l'avaient laissé mourir en laissant s'affirmer les socialistes. Si le prince Louis Bonaparte avait été élu à la présidence, soulignait Falloux, c'est « parce qu'on n'avait pas encore le courage de la monarchie et parce qu'on n'avait plus le goût de la république ».

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «19 février 1851», correspondance-falloux [En ligne], Seconde République, Années 1848-1851, Année 1851, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 02/09/2013