Année 1853 |
Fin octobre 1853
Alfred de Falloux à Francisque de Corcelle
[Fin Octobre] 1853
Mon bien cher ami
Je vous suppose rentré dans vos foyers et je vous y adresse de nouveau, avant de rentrer moi-même dans les miens, mes remerciements et mes instances. M. Molé un peu et M. Berryer beaucoup ont opéré pour que mon Ier volume ne parut pas sans le second1. Je me donne donc d'abord la joie d'obéir, et ensuite je suis convaincu moi-même. Ainsi je retourne pour me mettre à l'oeuvre avec ardeur afin que le tout, selon leur désir aussi, ne soit pas trop retardé. Jusque-là, veuillez me garder le secret, mais me secourir d'autant plus que je demande secours à moins d'auxiliaires et me prive des lumières qui m'auraient été prêtées par la critique, la publicité des deux volumes étant séparée.
Rappelez-vous que vous m'avez promis trois choses dont il m'est impossible de vous tenir quitte : une visite dans le courant de l'hiver, et d'ici là, un résumé des mérites de la loi d'enseignement et des détails tourangeaux sur le congé du ministère Barrot. Ces deux derniers points me sont urgents pour ma retouche. Votre présence me sera indispensable pour le travail nouveau de l'hiver. Ne pensez pas à mes exigences, veuillez songer à mon tout qui est la vérité des faits pour elle, moi compris par-dessus le marché, un effort de chrétien !
J'ai assisté à la réalisation de mes plus tristes prévisions ; je puis seulement y ajouter l'assurance que personne ne se montre ni se sent découragé. Puisqu'on met toujours la France en avant, on sera pris au mot : la France, ses sympathies, ses besoins, ses institutions, voilà un vaste champ. D'excellentes vues en étaient détournées par des négociations épuisées. Il y a désormais mieux à faire et on le fera. Là encore, cher ami, vous voyez que vous vous serez levés plus matin que bien d'autres qui maintenant vous rejoignent en route. Au revoir donc et à bientôt non une réponse à ces deux mots, mais quelques bonnes et longues pages dont je puisse amplement nourrir ma solitude et mon désir de servir. Veuillez offrir mes hommages les plus empressés à Mme de Corcelle2, mes souvenirs les plus reconnaissants à notre cher nonce3 et prendre pour vous tout le reste du fond du coeur.
A. de F.
Je serai à mon adresse ordinaire dans le courant de la semaine.