CECI n'est pas EXECUTE 23 août 1856

Année 1856 |

23 août 1856

Pierre-Antoine Berryer à Alfred de Falloux

Augerville la Rivière, 23 août [1856]

Mon cher ami,

On m'a fait remettre ici hier un numéro de la Gazette de France qui avait été déposée chez moi à Paris, je ne sais par qui, depuis plusieurs jours. Comme je ne perds pas mon temps à la lecture inutile de ce journal et ne l'ouvre jamais, j'aurais ignoré l'objet de cet envoi. Un de mes amis plus curieux que moi me dit qu'il renferme une longue lettre de notre ancien collègue Léo Laborde1, lettre dans laquelle il est fort question de vous. De grâce ne prenez pas la peine de répondre ; croyez-moi vous chercherez en vain à faire reconnaître la vérité par ses messieurs et vous êtes, dans l'opinion des hommes sérieux, fort au-dessus de leurs attaques. Il y a vingt ans que j'ai résisté par le silence à toutes les provocations qui m'ont été adressées de ce côté. J'ai patiemment laissé dire à la Gazette que j'étais un autre Maroto2, puis au nom de M. de Larochejacquelein3 que je tendais au bonapartisme, enfin que j'étais avec M. de Pastoret4 du parti des ducs, il n'a rien manqué à ma vengeance dans la conduite de ceux-mêmes au nom desquels on me calomniait, et une lettre assez récente de M. de La Rochefoucauld5 a suffisamment atténué tout ce que, sous sa signature, les rédacteurs de la Gazette avaient imprimé contre moi.  Ne vous compromettez pas dans une polémique stérile avec les gens qui ne sont occupés qu'à la recherche de quelque moyen de se faire un public et d'obtenir que l'on parle d'eux. Mille amitiés.

Berryer.

Veuillez présenter mes respects affectueux à Madame de Falloux.

Notes

1Léo de Laborde (1805-1874), homme politique. Ardent légitimiste, il avait été élu par le Vaucluse à l'Assemblée législative de 1849. En dépit de diverses tentatives, il ne sera jamais réélu par la suite.
2Rafael Maroto (1783-1853), général espagnol. Il s'était impliqué en faveur de la cause carliste au cours de la Première Guerre carliste.
3Henri-Auguste-Georges de La Rochejacquelein (1805-1867), homme politique. Neveu du célèbre général vendéen, il avait été membre de la chambre des Pairs en 1825. Démissionnaire lors de l'accession au pouvoir de Louis-Philippe, il se fit élire à la Chabre en 1842 où il rejoignit les bancs légitimistes.
4Amédée David, marquis de Pastoret (1791-1857), auditeur au Conseil d'Etat en 1809, il sera nommé sous-préfet de Corbeil (1813) puis de Chalon-sur-Saône (1814). Rallié aux Bourbons après la chute de Napoléon Ier, il réintègre le conseil d'Etat. Administrateur des biens en France du comte de Chambord depuis 1840, il était néanmoins favorable au gouvernement de Louis-Napoléon Bonaparte. L'Empire rétabli, il sera d'ailleurs nommé sénateur.
5La Rochefoucauld, Sostène Ier de (1785-1864), homme politique. Aide de camp de Chales X de 1814 à 1836. Depuis la chute de Charles X, il s'était mis au service de la famille royale en exil.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «23 août 1856», correspondance-falloux [En ligne], Année 1852-1870, Second Empire, Année 1856, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 12/11/2013