Année 1863 |
20 février 1863
Pierre-Antoine Berryer à Alfred de Falloux
20 février 1863
Mon ami, vous savez à cette heure qu'un service solennel a été célébré hier à S[ain]te Clotilde, sur les ordres de Monsieur le Comte de Chambord pour le respect de l'âme du duc de Lévis1. Je regrettais que vous n'eussiez pas pu y assister. La cérémonie a été toute royale et l'assistance très nombreuse. L’église ne pouvait contenir toutes les personnes qui y sont venues. J’ai vu avec plaisir le concours de tous ceux que nous connaissons qui furent attachés au gouvernement de Juillet, et sans qu’il y eût aucun ordonnateur tout s’est passé avec ordre, gravité et recueillement. C’est à vrai dire un hommage personnel rendu au prince que l’on sait être en grande affliction de la perte de ce fidèle serviteur. Avez-vous écrit à Venise quelques mots de condoléances? Si vous ne l'avez fait, ne jugerez-vous pas qu'il serait bon qu'un mot y arrivât de votre main précisément à cause de nos dissidences avec le défunt. Le jour où j’ai appris sa mot, je n'ai pas osé devoir exprimer mes regrets à monseigneur lui-même. J'ai chargé Fernand de La Feronnais2 de les transmettre. Mais il va quitter Venise au premier jour. Ne croyez-vous pas qu'il soit trop tard pour que vous écriviez. J'ai appris hier soir que M. de Monti3 partait pour remplacer La Feronnais4 ; il me semble que vous pouvez adresser à M. de Monti au palais Cavalli5 quelques lignes pour lui dire que vous apprenez qu'il se rend auprès de Monseigneur et que vous le priez d'être l'interprète de vos sentiments en face de ce malheur qui vient ajouter des peines de cœur si vives aux tristesses de l'exil. Vous savez peut-être que le C[om]te d'Haussonville6 passant dernièrement à Venise s'est fait présenter et a dit que le souvenir des bontés que la maison de Bourbon a eues pour sa famille lui faisait un devoir de saisir l’occasion d'offrir au roi ses très respectueux hommages. Ne serez-vous pas ici jeudi prochain ? Mille amitiés.
Berryer