Année 1865 |
25 mars 1865
Lucien-Anatole Prévost-Paradol à Alfred de Falloux
Paris, samedi 25 mars 1865
Monsieur,
Me voici, en arrivant d'Égypte, candidat au fauteuil de M. Ampère1 à l'Académie française. Rien de plus inattendu pour moi-même, mais j'ai cédé bien aisément je l'avoue au conseil de quelques-uns de vos confrères MM. de Broglie, Vitet, Rémusat, que les combinaisons actuelles ne pouvaient satisfaire. On avait songé d'abord à m'acheter bien plus cher que je ne vaux en s'alliant aux amis de M. Amédée Thierry2, ou Doucet3, ou en leur offrants quelque autre nom propre à les satisfaire. Mais tout cela se trouvait, Dieu merci, difficile ou trop douteux si bien que j'entre en ligne sans déranger M. Autran4 ni les amis de M. Autran qui sont tous les miens. Cette situation est peut-être dangereuse au point de vue du succès, mais elle me met bien plus à l'aise pour vous demander votre concours, puisque M. Autran une fois sauvé je deviens, je l'espère du moins, le candidat qui nous intéresse le plus. Si cependant vous étiez engagé à la fois à M. Autran et à un autre, je vous supplie bien de croire que mes sentiments pour vous ne dépendent en rien de l'usage que vous ferez votre voix, et que je tiens avant tout à retirer intactes de cette lutte des amitiés qui me sont plus chères et aussi honorables que tous les fauteuils de l'académie. Veuillez me croire tout à vous. Prévost-Paradol