CECI n'est pas EXECUTE 3 mars 1867

Année 1867 |

3 mars 1867

Pierre-Antoine Berryer à Alfred de Falloux

Paris, 3 mars 1867

Mon bon et bien cher ami,

Nous avons été forts occupés de vos quatre statues1 et nous les avons dites inaliénables, attachant au généreux souvenir de compatriotisme à vos comtes angevins, sans rancune pour les grands maux que durant deux ou trois siècles leurs descendants ont répandus sur la France et qui leur ont fait bien mériter de perdre le thrône [sic] d'Angleterre, grâce à leurs luttes intestines. M. Vitet et d'autres presque aussi autorisés que lui, ont énergiquement protesté sans avoir jusqu'à ce jour obtenu un engagement positif et définitif. J'ai vu Mr Dufaure hier et nous nous sommes communiqués vos lettres. La question de droit est de l'ordre constitutionnel et nous pensons qu'une consultation délibérée par les jurisconsultes les plus accréditées du barreau français pourrait être utile et donnerait occasion et prétexte à une interpellation dans le corps législatif. Pour nous livrer en commun à ce travail nous désirons M. Dufaure et moi avoir des renseignements précis sur l'origine de ces statues, sur l'emplacement qu'elles ont occupées et occupent encore, enfin sur l'état dans lequel elles sont posées dans l’Église. Sont-elles isolées, ou au contraire scellées <mot illisible> de manière à être considérées comme immeubles par destination ? Bien que nous pensions que les choses mobilières du domaine public ne soient pas moins inaliénables que les propriétés immobilières ; mon confrère vous demandera ces détails, nous nous occuperons au pus tôt de donner notre avis sur vos droits qui sont aussi les nôtres et nous vous susciterons des défenseurs dans le corps législatif, pour prix de nos soins vous ne nous adresserez ni rose blanche, ni rose rouge mais une branche de genêt, nous n'avons hélas que trop de signes de divisions dans les couleurs d'une même famille. Votre député2 avec qui j'ai causé de cette affaire me paraît être en grand embarras. Son cœur se partage entre Fontevrault et les Tuileries, l'empereur ayant à ce qu'il dit envoyé à la reine d'Angleterre3 sa lettre d'offrande et ayant déjà reçu les remerciemens [sic] de sa majesté britannique. Vous devez savoir que la cour de France a reçu il y a 30 ou 40 ans la même demande de la part de l'Angleterre et que le roi français d'orgone l'a refusée à l'Hanovrienne4. Je ne négligerai donc rien mon ami, de ces recommandations de votre lettre. J'y ai vu avec un vrai contentement que vous êtes moins mécontent de votre santé et <mot illisible] avec confiance l'espoir que vous me donnez de votre prochaine venue à Paris. Je serai charmé de voir bientôt votre cher précurseur l'excellent Albert de Rességuier. Chargez-le, en lui faisant mes compliments, de m'apporter la confirmation de vos promesses et encore de bonnes paroles de votre précieuse amitié. Au revoir, mon ami, priez madame de Falloux d'agréer mes respectueux et affectueux hommages. Tout à vous.

Berryer.

J'ai dit à Mr. Thiers vos remerciemens [sic]. Légèrement indisposé pendant un de ces derniers jours, il est bien rétabli, vif, jeune et tout en bon train.

N'avez-vous pas adressé quelques remerciemens [sic] à M. Vaudral ?

 

1Il s'agit des statues des Plantagenets de l'abbaye de Fontevrault. Le gouvernement impérial songeait à répondre positivement à la demande de la reine Victoria qui avait réclamé, en 1866, leur transfert en Angleterre. Les protestations des angevins, au premier desquels se trouvaient bien sur Falloux et celles des archéologues français aboutirent à l'abandon du projet et ces statues conservèrent leur place dans l'ancienne chapelle de Fontevrault.

2E. Berger, député officiel de la circonscription de Segré. Berger, François Eugène (1829- 1903), attaché au ministère de l'Intérieur, il entra au Conseil de préfecture des Basses-Alpes, puis du Loiret et revient au Ministère de l’Intérieur comme sous-chef du cabinet du ministre puis chef du bureau du personnel en 1860. Candidat officiel, il est élu député du Maine-et-Loire (circonscription de Segré-Baugé) en 1866 contre Falloux et réélu en 1869. Membre du Conseil général du Maine-et-Loire sous l'Empire; réélu en 1873. Son père occupa longtemps le poste de secrétaire général de la préfecture de Maine-et-Loire.

3La reine Victoria, née Alexandrine Victoire de Hanovre (1819-1901). Reine du Royaume Uni de Grande Bretagne et d'Irlande de 1837 à 1901.

4La reine Victoria fut la dernière souveraine de la Maison de Hanovre à régner sur la Grande-Bretagne.

Notes

1Il s'agit des statues des Plantagenets de l'abbaye de Fontevrault. Le gouvernement impérial songeait à répondre positivement à la demande de la reine Victoria qui avait réclamé, en 1866, leur transfert en Angleterre. Les protestations des angevins, au premier desquels se trouvaient bien sur Falloux et celle des archéologues française aboutirent à l'abandon du projet et ces statues conservèrent leur place dans l'ancienne chapelle de Fontevrault.
2E. Berger, député officiel de la circonscription de Segré. Berger, François Eugène (1829- 1903), attaché au ministère de l'Intérieur, il entra au Conseil de préfecture des Basses-Alpes, puis du Loiret et revient au Ministère de l’Intérieur comme sous-chef du cabinet du ministre puis chef du bureau du personnel en 1860. Candidat officiel, il est élu député du Maine-et-Loire (circonscription de Segré-Baugé) en 1866 contre Falloux et réélu en 1869. Membre du Conseil général du Maine-et-Loire sous l'Empire; réélu en 1873. Son père occupa longtemps le poste de secrétaire général de la préfecture de Maine-et-Loire.
3La reine Victoria, née Alexandrine Victoire de Hanovre (1819-1901). Reine du Royaume Uni de Grande Bretagne et d'Irlande de 1837 à 1901.
4La reine Victoria fut la dernière souveraine de la Maison de Hanovre à régner sur la Grande-Bretagne.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «3 mars 1867», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1867, Année 1852-1870, Second Empire,mis à jour le : 26/04/2015