Année 1868 |
31 mai 1868
Adolphe Thiers à Alfred de Falloux
Paris, 31 mai 1868
Mon très cher confrère,
J'ai bien peu de temps pour écrire. Cependant je vous adresse en hâte les quelques mots qui suivent. On parle toujours des élections1 et opine qu'il faut se préparer. Vous m'avez dit un mot de Segré et de Baugé. Augustin Giraud2 est venu m'en parler au nom de ses frères et des récalcitrants. Il dit que si Segré me portait, Baugé voulant me porter aussi l'élection présenterait de grandes chances. Bien que fatigué, et peu encouragé par ce que je vois, je ne veux pas néanmoins abandonner le poste que la confiance du pays et des hommes éclairés m'a forcé de prendre, sans en avoir été violemment expulsé. Il faut donc avoir plus d'une corde à son arc et je suis prêt à écouter la proposition qu'on me fera. Voyez donc sans bruit, ce qu'il y a de sérieux dans les propositions qu'on vous avait faites, et soyez assez bon m'en écrire, sans du reste y mettre de précipitation, car le <mot illisible> n'est pas tout à fait à la maison. Tout à vous de cœur.
A. Thiers