Année 1868 |
13 septembre 1868
Francisque de Corcelle à Alfred de Falloux
Essay – Orne, 13 septembre 1868
Mon cher ami,
Une de mes voisines, fille de notre excellent et bien regrettable ancien collègue1, Mme Druet des Vaux2 s'acquitte d’une intention qu'il avait en vous faisant hommage d'un livre pieux3 dont elle est l'auteur. Elle me demande de vous le faire parvenir avec une lettre d'elle. Mme la B[ar]onne Le Guay est une jeune mère de famille fort aimable et admirablement chrétienne. Son ouvrage a été composé pour les gens de son père qui est mort sans avoir eu la joie de le voir publié et, à ce qu'il paraît, très bien accueilli dans le monde religieux. Mme de Corcelle4 s'en est, jusqu'à présent, emparé, le lit avec beaucoup d'intérêt, et m'a ainsi empêché d'en profiter. Si vous pouviez contribuer à quelque compte rendu dans le Correspondant, ou ailleurs, ce serait, je crois, un grâcieux procédé dont Madame la B[ar]onne Le Guay serait bien reconnaissante. Son adresse est Château de Mont-Goubert, Mesle – Orne.
J'espère que les chères bontés du B[ou]rg d'Iré traversent vaillamment le second été qui dessèche notre Normandie. J'ai ce matin un nouveau bulletin de plus en plus rassurant du pauvre Montalembert5. Quelle saisissante image de notre État ! Nous sommes tous emportés par nos chevaux et à deux doigts d'un gouffre. Mais nous le savons si nettement, et vous en particulier prenez si bien les S[ain]tes précautions nécessaires, que le péril de tous les jours est fort compensé par les bonnes pensées. En avant vers Dieu ! Si nous versons, il nous relèvera. Pardonnez-moi ces réflexions mélancoliques d'un fiacre qui fait ses prières et vous offre bien affectueusement toutes celles qu'il unit à ses souvenirs du Bourg d'Iré. Veuillez exprimer à Madame de Falloux mes hommages les plus respectueux et les plus dévoués.
F. de Corcelle