Lundi 17 mai [1869]
Mon cher confrère
J'espère que vous êtes plus vainqueur que moi. Mais ma cause et même la vôtre doivent disparaître dans le malheur public de l'élection Raspail1 et consort, si les nouvelles données par la préfecture disent vrai. Dans quel état est la France entre des Guépin2, des Gaudin3 et des Raspail. Et quel gouvernement que celui qui en est réduit à souhaiter l'élection de tels hommes de préférence à la vôtre ou à la mienne. Vers quels troubles événements nous marchons. Je repars demain matin à 7 h. sans vous avoir vu, à cause de cette ridicule affaire de l'académie et de l'Empereur. Mais je reviens ici samedi. Combien j'aimerais à causer avec vous. M. de La Rochette4 s'est conduit à mon égard d'une manière bien sotte et bien odieuse. En revanche, quelle aimable impression m'a laissée M. de La Guibourgère5. Dites-lui ma sincère sympathie et croyez-moi à vous de tout cœur.
P. Paradol
Notes
François Vincent Raspail (1794-1878), homme politique. Élu de la gauche à l'Assemblée constituante (Seine), il fut élu par le Rhône en 1869 et représenta à nouveau ce courant dans le Corps législatif. Député sous la Troisième république, de 1876 à sa mort, il se joignit à la Gauche républicaine.
A. Guépin était candidat de l'opposition démocratique dans la 2ème circonscription de Loire-Atlantique, celle où Prévost-Paradol se portait candidat. Guépin, Ange Marie François (1805-1873), médecin, écrivain et homme politique. Républicain et socialiste, il joua un rôle politique et social important à Nantes. Commissaire du gouvernement provisoire pour le département de Loire-Atlantique en février 1848, il fut nommé préfet de ce même département le 4 septembre 1870. Démissionnaire, un mois plus tard, il apportera son soutien aux idées de la Commune et proteste contre la répression sanglante des insurgés. Il participera aux côtés de Victor Hugo à la Ligue de la Paix et de la Liberté, organisation qui lutte en faveur des États unis d'Europe.
Émile François Gaudin (1820-1884), homme politique. Conseiller d'état en 1862, il était accrédité auprès des deux chambres comme commissaire du gouvernement. Soutenu par le gouvernement, lors des élections de 1869, il remporta le siège
Propriétaire du journal légitimiste L'espérance du Peuple, à Nantes, Emerand Poictevin de La Rochette (1803-1880) est très hostile aux catholiques libéraux et aux légitimistes tels que Berryer et Falloux. Indéfectible fidèle du comte de Chambord, il combat toute idée de libéralisme.
Sans doute Edmond Camus de La Guibourgère (1830-1899).
Notice bibliographique
Pour citer ce document
, «17 mai 1869», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Second Empire, Année 1852-1870, Année 1869,mis à jour le : 04/04/2013
