CECI n'est pas EXECUTE 22 février 1869

Année 1869 |

22 février 1869

Paul de Noailles à Alfred de Falloux

Paris 22 janvier 1869

Mon cher confrère, Je veux et je dois vous tenir au courant de nos affaires académiques. J'ai attendu le retour de M. Guizot, et j'ai eu avec lui la conférence qu'il était convenu que j'aurais. En adoptant l'idée qu'il convient que Berryer1 soit remplacé à l'académie par quelqu'un de son opinion, et après avoir énuméré les noms de ceux qui pourraient y prétendre, et qui sont au nombre de quatre : Laurentie, Nettement, Poujoulat, Pontmartin, il n'a pas hésité à me dire que son choix, et celui de ses amis avec lesquels il en avait causé déjà, n'hésitait pas à se porter sur Pontmartin, et qu'ils accepteraient parfaitement cette candidature et ils trouvent qu'il est des quatre indiqués, le meilleur écrivain, le meilleur critique, le plus littéraire, et celui qui a le plus d'esprit2. Je l'accepte, pour mon compte, très volontiers, quoi que j'ai rompu quelques lances pour Laurentie, au moins comme doyen d'âge. De cette sorte, notre projet se réaliserait ; c'est la candidature qu'il réunirait le plus de voix, et nous serions à peu près sûrs du succès. Il importe de réussir. Un choix légitimiste serait un hommage de plus rendu à Berryer ; il aurait cet avantage de ne pas constater le décès du parti avec le décès de son grand chef ; il assurerait un éloge sans restriction, sans réserves, sans précautions oratoires comme dans toute autre bouche, et il est vrai que Pontmartin est celui qui est en état de le faire le mieux, et par son esprit, et par son style. Cela en outre nous assurerait une voie dans l'avenir, et nous donnerait le moyen de conserver notre poids et notre influence. Comme nous sommes en minorité, nous ne pouvons pas nous refuser pour obtenir un des nôtres, d'en laisser le choix à nos alliés parmi ceux qui nous conviennent et que nous leur présentons. Veuillez donc me dire ce que vous pensez de ce que je vous transmets. Quant à l'époque des élections, je veux également vous dire qu'elle a été fixée hier. Sur une proposition de M. Lebrun3 qui voulait qu'on décidat que les remplacements se feraient à l'avenir beaucoup plutot [sic] qu'ils ne se font depuis longtemps, et tels dit-il, qu'il se faisaient jadis, il a été décidé, pour cette fois, que les deux derniers élus, qui ne sont pas reçus encore, serait invité à prononcer leur discours dans le courant d'avril, et que l'académie ferait les trois choix qu'elle a à faire, autrement dit, ses trois élections, à la fin d'avril ou au commencement de mai. Veuillez croire à tous mes sentiments de dévouement et de considération. P. de Noailles

Notes

1Berryer était mort le 29 novembre 1868.
2Aucun de ces quatre candidats ne sera retenu en définitive. C'est le comte de Champagny qui sera élu le 23 avril 1869 au siège laissé vacat par P.-A. Berryer. Voir lettre  de P. de Noailles à Falloux du 2 février 1869.
3Pierre-Antoine Lebrun (1785-1873), homme politique et poète. Député, sénateur et pair de France, il était membre de l'Académie française depuis 1828.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «22 février 1869», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Second Empire, Année 1852-1870, Année 1869,mis à jour le : 01/04/2013