CECI n'est pas EXECUTE 19 avril 1870

Année 1870 |

19 avril 1870

Louis-Jules Trochu à Alfred de Falloux

Paris, 19 avril 1870

Mon cher comte,

Voulez-vous me permettre de rappeler à votre souvenir, avec toute la réserve que je dois, la candidature à l'académie française de M. Camille Rousset1 dont j'ai déjà eu l'occasion de recommander les titres à votre bienveillant examen. Ils ont pris, depuis, de la consistance, par la publication d'écrits qui ont mérite d'être favorablement jugés, et son ambition d'être discuté en vue de la succession de M. de Pongerville2 semble légitime. Je n'ai ni qualité, ni compétence pour apprécier ; mais j'ai de l'amitié pour le candidat, de l'estime pour son caractère et pour son talent, et c'est ce qui me conduit à vous demander de ne pas l'oublier, ni <mot illisible> des compétitions pour les dieux mineurs. Les majeures sont déjà à l'académie. Vous avez fait à Paris une bien courte apparition dont vos amis les plus intimes ont pu seuls bénéficier. Vous y reviendrez je pense faire une station où nous aurons une meilleure part, si votre santé toujours intermittente et disputée vous le permet. Nous ne vous offrirons rien d'ailleurs qui vous puisse réjouir. Les événements qui s'accomplissent autour de nous, ont, abstraction faite des différences dues à l'évolution des temps, le même caractère de fond, que ceux d'il y a vingt ans. On est toujours en présence du « qui trompe-t-on ici », et c'est toujours l'exploitation du pays, par des moyens dont la forme est quelque peu modifiée, dans des vues qui sont toujours les mêmes. Il y aura, on doit le craindre, continuation d'abaissement des caractères et de la conscience publique. Me rappelant au souvenir du comte de Bertou que je suppose auprès de vous, je vous renouvelle mon cher comte, avec mes vœux, l'assurance de ma haute considération et de mon dévouement sincère.

Gal Trochu

 

Notes

1C. Rousset sera élu le 30 décembre 1871 à l'Académie française au siège de L.-A. Prévost-Paradol. Rousset, Camille (1821-1892), professeur d'histoire, il venait de publier la première partie d'une importante Histoire de Louvois (1861-1863) qui comprendra trois volumes et lui vaudra trois années de suite le premier prix Gobert.
2Sanson de Plongerville, Jean-Baptiste (1782-1870, poète. Décédé le 22 janvier 1870, il avait été élu en 1830 au siège de Lally-Tollendal.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «19 avril 1870», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Second Empire, Année 1852-1870, Année 1870,mis à jour le : 14/04/2021