CECI n'est pas EXECUTE 5 avril 1874

1874 |

5 avril 1874

Saint-René Taillandier à Alfred de Falloux

Avranches1, 5 avril 1874

Mon cher confrère,

M. le marquis de Talhouet2 m'écrit que nous arrivons trop tard et que le poste de La Flèche3 est déjà donné. Je n'en suis pas moins reconnaissant de la démarche qu'il s'est empressé de faire à ce sujet ; nous vous prions aussi, mon fils et moi, de recevoir la vive expression de notre gratitude pour l'appui que vous avez bien voulu nous prêter. Je me suis bien mal exprimé si j'ai parlé d'une décision dernière et définitive qui serait prise par l'académie elle-même ; je pensais surtout à la commission et à la séance décisive où elle arrêterait son choix. Nous avons eu d'inspiration poétique (?), étant revenu plusieurs fois dans les propos de M. Cuvillier-Fleury, j'avais cru qu'il s'agissait d'un volume de vers. Je suis bien aise d'apprendre que le livre est en prose, en bonne et saine prose, car la commission de Paris ne paraît pas vouloir donner plus d'un prix à la poésie, et il y a déjà un ou deux recueils de vers qui excitent d'assez vives sympathies. En un mot, ne doutez pas de ma vigilance ; je ferai tout ce qui dépendra de moi pour assurer le succès d'un livre destiné à faire beaucoup de bien dans les campagnes. Rien n'est plus conforme aux intentions du fondateur des prix littéraires décernés par l'académie. Veuillez agréer, cher et illustre confrère, l'assurance de sentiments respectueusement dévoués.

Saint-René Taillandier

 

 

Notes

1Commue normande du département de la Manche.
2Talhouët, Auguste Élisabeth Joseph Bonamour, marquis de (1819-1884), homme politique. Auditeur au Conseil d’État et conseiller général (Sarthe), il fut élu à la Législative en 1849 (Sarthe) où il siégea avec le parti de l’Ordre. Catholique et monarchiste, il s’opposa aux partisans de l’Élysée et protesta contre le coup d’État. Investi néanmoins comme candidat officiel, il fut réélu sans interruption par la 3ème circonscription de la Sarthe jusqu’à la fin de l’Empire en dépit d'une attitude frondeuse. Il protesta lors des  poursuites contre Montalembert. En février 1858, il vota contre la loi de sûreté générale après avoir critiqué les ambiguïtés de l'article 2. Il signa l'amendement des "91" puis celui des "84". Membre du parti des réformes, il fut l'un des quarante-trois députés qui réclamèrent la fin des abus de la candidature officielle en janvier 1864. Devenu l'un des chefs du tiers parti, il fit partie des "42". Ministre des Travaux publics dans le cabinet d’E. Ollivier, il décida de quitter son poste par solidarité avec Daru et Buffet qui avaient donné leur démission en raison de l’organisation du plébiscite pour ratifier le Sénatus consulte constitutionnel. Réélu en février 1871, il siégea avec les orléanistes. Ayant soutenu la politique de l’Ordre moral, il vota contre la république. Il acheva sa carrière comme sénateur de 1876 à 1882. Il se retira pour finir ses jours dans son château du Lude (Sarthe).
3Ville de la Sarthe.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «5 avril 1874», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, 1874, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 26/11/2020