1874 |
27 octobre 1874
Saint-René Taillandier à Alfred de Falloux
Paris, 27 octobre 1874
Mon cher confrère,
Nous sommes bien touchés de l'offre que vous nous faites de recommander mon fils1 à vos amis de Versailles. Ne croyez pas, je vous en prie, que vos excellents conseils du printemps dernier ait été mal interprétés soit par ma femme, soit par notre sous-préfet ; nous savons trop quelle est la sincérité de vos sentiments et nous vous sommes trop reconnaissants de vos bontés pour avoir jamais eu le moindre doute à cet égard. Ma femme a été affligée tout naturellement de voir que ses désirs étaient prématurés ; elle est très heureux aujourd'hui d'apprendre que le moment ne vous paraît pas mal choisi pour tenter une sérieuse démarche. Je viens d'écrire à M. le ministre de l'intérieur, qui m'a montré beaucoup de bienveillance en plus d'une occasion ; si vous ne voyez pas d'inconvénient à lui écrire un mot de votre côté, vous nous rendrez un bien grand service. Je ne demande pas d'avancement pour mon fils bien qu'il ait parfaitement réussi à Avranches comme il avait réussi à Segré ; je prie seulement Monsieur le ministre de le rapprocher de Paris, sans diminuer sa position. On m'a dit au ministère de l'intérieur qu'il y aurait certainement, d'ici à quelques semaines, un mouvement dans les sous-préfectures, si une bonne sous-préfecture de seconde classe, équivalente à celle d'Avranches, et située plus près de Paris, pouvait se trouver vacante, nous serions heureux que mon fils y fut appelé. Je citerai par exemple Mantes, Étampes, Soissons, Dreux, Épernay, Corbeil. Je vous donne, et j'aurais presque honte de vous parler de nos affaires particulières au milieu des inquiétudes publiques, si votre lettre si bienveillante ne m'y encourageait. Vos amis sont encore au ministère ; je fais des vœux pour qu'ils y restent longtemps. Et puisse M. le duc de Broglie revenir se mettre à leur tête2 ! Veuillez agréer, Monsieur et cher confrère, l'assurance de mes sentiments respectueusement dévoués.
Saint-René Taillandier
P.S. Il n'y a encore rien de décidé à l'académie, soit pour les trois réceptions, soit pour les deux élections. M. Mézières3 a remis son discours à M. Camille Rousset4 qui travaille à sa réponse ; M. Caro5 n'a pas encore terminé son discours. Il est probable que les réceptions n'auront pas lieu avant le commencement de février et que les élections ne se feront pas avant le jour où nos nouveaux confrères pourront y prendre part.
S. R. T.