CECI n'est pas EXECUTE 26 avril 1875

1875 |

26 avril 1875

Eugène Poitou à Alfred de Falloux

Angers, 26 avril 1875

Monsieur le Comte,

On m'a remis votre livre et je ne veux pas tarder à vous en remercier ; je veux vous remercier surtout des quelques mots, trop flatteurs que vous avez bien voulu y joindre. Tout en coupant les feuillets, j'ai relu le livre, presque sans y songer entraîné par le charme qui s'y attache : c'est le tableau éloquent et émouvant d'une belle vie et d'un noble esprit. Et j'en suis encore à comprendre comment une œuvre d'une inspiration si élevée a pu soulever contre vous de telles haines et vous valoir de si odieuses calomnies. Je ne parle pas des insulteurs patentés de L'Univers ; mais des évêques ! Si mauvais catholique que je sois, j'avoue que je suis révolté, jusqu'à l'indignation, jusqu'à la colère, de voir traiter de cette sorte des hommes comme Cochin, comme Montalembert, comme vous, le dernier ou peu s'en faut, de cette vaillante cohorte qui a travaillé, si vainement et si glorieusement, à réconcilier le catholicisme avec une sage liberté. Vous vous réfugiez stoïquement dans le dédain ; et vous avez raison. Mais on n'échappe pas au dégoût qu'inspirent de tels spectacles ; et je ne sais rien de plus triste que de voir ces deux grandes causes, la monarchie et la religion, également et en même temps compromis par la folie de leurs ultras.

Agréez, Monsieur le Comte, avec tous mes remerciements, l'assurance de mes sentiments les plus distingués.

E. Poitou.


Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «26 avril 1875», correspondance-falloux [En ligne], Troisième République, 1875, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES,mis à jour le : 27/01/2012