1878 |
20 juillet 1878
Alfred de Falloux à Armand de Mackau
20 juillet 1878
Mon cher Armand, grâce à Dieu, M. de Martel1 s'est trompé, ce qui n'est peut-être pas la première fois. Loyde2 va très bien, et mad[ame] de Caradeuc3 qui ne nous laisse pas sans inquiétude et sans soins, nous fait jouir cependant, depuis quelques mois, d'une assez bonne veine. Je n'en suis pas moins reconnaissant à cette erreur de m'avoir valu ta bonne lettre, et j'y réponds par mille vœux pour le succès de vos eaux. Assurément, il est téméraire de former des projets mondains pour l'année prochaine ; mais il serait téméraire aussi de tout escompter d'avance en mal. Les radicaux sont si étroitement unis au pouvoir désormais et en ont si largement les bénéfices que les attaquants seront probablement en plus petit nombre que les défenseurs. Dieu me garde de faire de cette espérance une prophétie ; mais j'en ferais volontiers un petit pari, et la situation livre si manifestement l'avenir aux plus exigeants que j'aurai peine à comprendre un excès d'impatience dans la majorité. Je ne m'associerai que de loin aux succès de ma cousine, mais ceux-la, je les prophétise sans hésiter et j'irai certainement vous en faire mon compliment à ma première excursion de Paris, si j'en fais encore une, en vous demandant une confidence sur la liste des prétendants que vous allez commencer à dresser. Que Dieu vous inspire et vous guide dans cette grade mission ! Personne ne le lui demandera, soyez en bien sûrs tous les trois, d'un cœur plus sincère et plus affectionné que le mien.
Falloux
Nous attendons mon frère dans le courant d'août et il ne manquera pas de s'unir à tout ce qui vous tombe.