CECI n'est pas EXECUTE 30 mai 1883

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30 mai 1883

Alfred de Falloux à Armand de Mackau

30 mai 1883

Mon cher Armand,

La note que tu m'avais signalée tout d'abord ne m'a point échappé et ne change rien à notre avis commun d'un silence absolu. Ce qui détournera le plus M. Masson1 et son éditeur de continuer leur mauvaise action sera l'absence de succès et je crois que si tu persévères jusqu'au bout dans ta ligne, en faisant par conséquent échouer le scandale, le non-succès est infaillible. Sauf pour un petit nombre d'intéressés, le livre est sans talent et sans attrait. Si on faisait des démarches auprès de l'auteur pour obtenir l'abandon d'une publication nouvelle, il aurait, je le crains très fort, l'un de ces deux mouvements : ou il en concluerait à son importance et se confirmerait dans sa résolution, ou il y renoncerait en se faisant payer très cher son silence et sans te donner aucune garantie solide pour l'avenir, qu'il pourrait recommencer sous un autre nom par l'intermédiaire d'une tierce personne ; car il importe de remarquer qu'il se sert de documents publics, empruntés aux archives, sur lesquels la famille n'a aucune autorité. J'ai été déjà le témoin d'une publication semblable et plus grave encore, sur un nom très éminent. J'ai connu des consultations qui ont été prises en très-haut lieu sur ce sujet et tout le monde a reconnu que la famille était absolument désarmée. Il n'y aurait qu'un cas où tu pourrais, selon moi, mon cher Armand intervenir utilement, c'est celui où l'auteur te serait connu directement ou indirectement comme un homme parfaitement délicat. Son livre ne le fait pas supposer et tu me l'aurais, en outre, indiqué dans ta première lettre. Mon raisonnement part donc tout entier d'un premier sentiment défavorable. Si tu savais quelques motifs particuliers pour en concevoir un différent, ce serait alors à toi qu'il appartiendrait de se décider à tâter, soit par toi-même, soit par intermédiaire, le terrain d'une négociation intime. Mais, en ne se réglant, comme je le fais jusqu'ici, que sur des considérations probables, je m'en tiens à ton premier avis, le silence absolu.

Mille vœux bien fidèles pour Anne et à vous tous de tout cœur.

Falloux

Notes

1Voir lettre de Falloux à A. de Mackau du 27 mai 1883.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «30 mai 1883», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Troisième République, 1883,mis à jour le : 08/04/2013