1882 |
Octobre 1882
Alfred de Falloux à l'abbé Couvreux
Cher monsieur l'abbé
La pensée de voir Mme la duchesse de Galliera1 et peut-être Mme la marquise de Castellane dans le presbytère des Jacobins2 me pénètre d'une telle reconnaissance, que j'en demeure tout saisi et muet ! Veuillez cependant me faire dire convenablement tout ce que vous savez que je pense, et rendez-moi encore un autre service. Si ces dames, ce que je n'ose souhaiter, bravent le mauvais temps et la fatigue pour réaliser un si charitable projet, dites-moi si elles comptent coucher au Cheval Blanc3 ou retourner le soir à Rochecotte. Dans ce dernier cas elles n'auraient vraiment rien à faire au Cheval Blanc et il leur serait certainement plus commode, tout en dînant plus mal, de venir tout droit chez moi, de se laisser montrer, si le temps le permet, quelques-unes des beautés d'Angers, et d'étrenner ma cuisinière qui n'est qu'une cuisinière de village, bien qu'elle ait passé par la cuisine de Mme de La Rochefoucauld. Réglez donc cela avec ces dames comme elles le préféreront. Je tâche de n'avoir plus d'amour-propre. Seulement, ayez le soin que le mercredi ne soit point choisi. Car je suis pris pour une grosse affaire chez le général d'Andigné4, mercredi matin, et je ne pourrais y manquer que si mon rhume, qui reste encore médiocre, prenait une tournure tout à fait mauvaise. Dans ce cas le rendez-vous se tiendrait chez moi et je n'en serais pas plus libre.
Le Comice agricole devait paraître d'abord dans le Mercure segréen qui n'arrive que ce matin. Je vous l'envoie donc par le même courrier, avec un Univers, qui vous portera la très insolente, mais très fine, réplique à M. Chesnelong. La Défense et le Français suppriment cela comme tout le reste. Il doit y avoir une autre plume que celle d'Eugène Veuillot5 dans cette affaire, mais je ne devine pas bien laquelle. Je pense absolument comme vous sur la Semaine de Nancy. Mais je ne le dirai jamais à personne, pas même à vous.
A. de F.