CECI n'est pas EXECUTE 18 janvier 1856

Année 1856 |

18 janvier 1856

Alfred de Falloux à Charles de Montalembert

Bourg d'Iré, 18 janvier 1856

Cher ami,

Je vous envoie avec beaucoup de confusion les numéros de l'Union de l'Ouest que vous avez eu la bonté de désirer, ils ne sont pas ce que j'attendais, et ce dont l'esquisse avait été tracé entre nous à mon rapide passage à Angers du mois de novembre. Je ne puis vous exprimer la contrariété que j'ai éprouvé. Cependant lorsque je vous aurai donné de vive voix tous le caractère, la situation, les détails qui ne peuvent guère s'écrire, vous reconnaîtrez, j'espère, que ni ma prévoyance, ni mon amitié n'ont été en défaut. Veuillez donc m'écrire bientôt, je vous en prie que vous n'êtes pas irrité contre moi, et je vous promets que pour la troisième fois (car celle-ci est la seconde), je profiterai d'une expérience qui m'est si pénible. Sachez bien aussi, ce qui a vraiment besoin de vous être affirmé en ce moment, que Mr de Livonnière1 est un de vos admirateurs dévoués et que c'est bien à son insu que sa plume nous a <mot illisible> et lui même si mal secondée. J'aurai du moins la consolation de vous transmettre d'assez bonnes nouvelles de Rome. Mr S.2 a du avoir son audience lundi dernier, il avait reçu et lu préalablement tout ce qui importait. Mgr de Poitiers semble faire un fiasco complet et s'agite violemment au sein d'une froideur marquée. Mon travail3 du Correspondant avance lentement, mais constamment. Je me tenais prêt pour le 25 février. On me dit maintenant que les élections4 ne seront qu'en mars. En savez-vous, ou y pouvez-vous quelque chose ? Ne me laissez pas, je vous en prie, cher ami, dans l'inquiétude et le trouble où je vous écris, pour ce qui vous touche.

A vous de cœur.

A. de F.  

Ne me ménagez pas si vous avez été mécontent de mes 4 lignes seulement à L'Univers5. Croyez bien qu'il m'en coûte d'avoir l'avis si reculant mais si vrai et je crois savoir que cet inconvénient à Paris a de grands avantages à Rome et que nous nous en trouverons beaucoup mieux à mesure que nous avancerons. Je vous garde une copie de ma lettre au C[ardin]al Ant[onelli]6 et suppose qu'il vaut mieux ne pas lire pour courir la poste. Elle s'est rendue à son adresse par une autre voie.  

Notes

1Marin de Livonnière (?-?), érudit angevin, il collabora régulièrement au Correspondant.
2?.
3Il s'agit du pamphlet virulent que Falloux s'apprêtait à publier dans le Correspondant (avril et mai 1856) intitulé Le parti catholique, ce qu'il a été, ce qu'il est devenu, et dans lequel Falloux après avoir dressé un portrait très flatteur de son ami Montalembert s'en prenait vivement à Louis Veuillot principal responsable à ses yeux des divisions entre catholiques depuis la loi sur la liberté de l'enseignement (Loi dite Falloux) à laquelle Veuillot s'était opposé. Falloux s'en prenait directement au style et aux procédés utilisés par le patron de L'Univers.
4Les élections à l'Académie française pour lesquelles Falloux s'était porté candidat.
5Le 14 janvier 1856, Falloux avait adressé une lettre à L'Univers.
6Antonelli, Giacomo (1806-1876), administrateur ecclésiastique italien. Fait cardinal en 1847 par Pie IX, puis secrétaire d’état, il avait organisé la fuite du pape à Gaëte en 1848. Il était devenu tout-puissant dans les États Pontificaux. Foncièrement hostile à toute réforme de tendance libérale, il porte en majeure partie la responsabilité de la politique immobiliste de l’État pontifical de 1849 à 1870.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «18 janvier 1856», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1852-1870, Second Empire, Année 1856,mis à jour le : 20/04/2012