1877 |
17 septembre 1877
Alfred de Falloux à Couvreux (abbé)
Bourg d'Iré, 17 septembre 1877
Cher Monsieur l'abbé,
Mad. de Castellane nous a écrit que la douloureuse cérémonie allait avoir lieu, mais elle ne nous en pas rendu compte. Il y a donc erreur de vôtre part ou inexactitude de la poste. Si c'est le dernier cas, je demande à en être averti, afin de ne pas laisser prendre cette habitude au directeur de Segré sans réclamations. Prenez bien Mad. de Castellane au mot pour sa promesse envers le Bourg d'Iré, et tenez vous vous même, cher Monsieur l'abbé, comme également lié par elle. Mad. de Sévigné écrivait à sa fille : « Le premier jour qui ouvre l'absence est cruel. » Elle aurait pu ajouter : les jours qui suivent sont souvent plus cruels encore. C'est ce que le Bourg d'Iré éprouve pour la plus irrévocable des absences, la mort. De jour en jour il sent davantage son vide et en est de plus en plus triste. C'est le sentiment que vous y trouverez dominant, mais vous l'adoucirez mieux que personne, mad. de C[astellane] et vous, parce que, mieux que personne, vous le partagerez. J'ose féliciter Mad. de Castellane de son persévérant courage, et je le bénis en proportion de ce qu'il lui coûte. Veuillez dire à Mad. de Rayneval1 combien tous ceux qui aiment Rochecotte sont heureux de l'y voir, et veuillez lui faire agréer ma toute particulière reconnaissance. Bertou s'annonce-t-il bientôt, et la princesse Radziwill2 est-elle contente de Biarritz ? Croyez bien, cher Monsieur l'abbé, que c'est un grand supplice pour une amitié telle que celle du Bourg d'Iré de se sentir si absolument impuissante !
Falloux