Année 1858 |
1er novembre 1858
Alfred de Falloux à Marie de Falloux
1er novembre 1858
Chère Marie,
Cette lettre est en retard d'un jour parce que nous avons été hier faire tout notre dimanche à S[aint]t Blancard1. J'ai posé à Mme de S[ain]t Blancard toutes les questions possibles pour l'éducation des enfants. Elle n'a jamais fait suivre aux siens aucune espèce de cours, ce qui se comprend avec leur quantité et elle a toujours fait venir chez elle des maîtres dont elle se louait beaucoup. Mais elle connaît quelques cours par de tierces personnes. C'est Mr. Prat et Mr. Lévy qui sont les plus renommés en ce moment. Elle les croit bons et sûrs quant à eux ; mais la camaraderie n'est pas toujours ce qu'on souhaiterait. En résumé n'ayant aucune expérience propre, elle n'a pu me dire que ce que nous nous étions dit à nous-mêmes. Pour ce qui est du retour au Bourg d'Iré, soyez absolument juge et maîtresse, chère Marie, en gardant les yeux fixés sur l'état de Loyde, comme vous ne manquerez certainement pas de le faire. Remerciez-la de sa lettre que je reçois à l'instant même. Je lui demande maintenant, par sa prochaine lettre, ce que Rome a pu faire à l'Empereur, et comme il en parle. Pour la loterie, je ne crois pas qu'un étui comme celui donné à M. Manceau fit assez d'effet. Je présume que la sœur voudrait quelque chose de plus en grand et qui sautait davantage aux yeux pour l'exposition qui commence cinq à six jours avant le tirage à faire prendre des billets dans la salle. Ce qui me semblerait répondre à cette intention ce serait le plus commode puisque c'est tout [mot illisible], serait le petit meuble en corbeille que vous avez fait rhabiller de soie marron l'année dernière. Si vous avez conservé pour ce petit meuble l'attache que vous aviez fait pour lui quand vous avez vu à quel point vous avez bien réussi., je vous engagerai alors à chercher dans votre tête quelque autre objet apparent, un pendule par exemple, si vous en avez un au Bourg d'Iré dont vous consentiez à vous défaire. Vous pourriez aussi faire acheter à Rennes deux grands vases de porcelaine française faisant de l'effet sans être chers. Quant à la chasuble, elle ne ferait pas grand honneur si elle n'est pas fraîche, et d'ailleurs ne tenterait personne comme prise de billet. Si c'est comme cadeau à l’Église future que vous y avez songé, l'occasion ne me semble pas assez bonne pour être saisie si longtemps d'avance. M. Manceau m'écrit au retour de La Motte. Il a été enchanté de tout ce qu'il a vu, mais beaucoup moins de Lemée Dupinel qu'il trouve vieillie et rabâchant, sans toutefois rien articuler de grave.
Tout va à merveille ici, chère Marie, moi compris. Il est question de l'arrivée ici du Vte de Castelbajac2 et de Sidomie. Cela me ferait vraiment plaisir, mais ce n'est pas encore très certain. Je vous quitte pour écrire à Montalembert auquel on vient de déclarer, comme vous l'aurez vu, une guerre si brutale et si violente au moment où l'on prétendait que le gouvernement voulait se montrer plus libéral pour les journaux3. J'ignore encore ce qui va en résulter pour l'existence du Correspondant, mais il me paraît impossible que sa mort définitive ne soit pas le résultat de cette grande colère. Veuillot veut régner seul et sans contradicteur comme son maître. Je vous embrasse mille fois.
Alfred.
Demain nous avons la messe des Morts dans la chapelle élevée à Marie et où j'ai déjà été plusieurs fois avec Albert4.