Année 1858 |
25 novembre 1858
Pierre-Antoine Berryer à Alfred de Falloux
Paris, le 25 novembre 1858
Mon ami,
Nous sommes non pas jugés, mais condamnés et condamnés très rudement en vertu des lois dont l'application est une révoltante iniquité et une plus grande absurdité1. J'avais prié M. Cochin de venir causer avec moi mais il était absent de Paris au jour que je lui proposais, il a pris soin cependant de m'envoyer votre lettre. La défense n'a pas pu être partagée ainsi que vous le désiriez. Du fort défenseur de Douniol2 devait être le défenseur du recueil et il s'est admirablement acquitté de cette mission en faisant bien connaître et la direction d'esprit du Correspondant et le caractère du journal qui lui est opposé au point de vue des intérêts religieux. Il a parfaitement signalé la funeste direction de l'Univers. Au nom de M. de Montalembert j'ai dû le défendre plus personnellement, justifier son œuvre et maintenir sur sa personne la dignité de nos propres situations. Mais que j'ai souffert et que je suis las encore des efforts qu'à toute heure je faisais sur moi-même et des <mot illisible> que je me suis donné en me préparant à ce débat, pour sortir découragement ou me faisait retomber la pensée de l'inutilité de mon travail et de l'inévitable résultat du procès devant des juges chez qui plus qu'à aucune mauvaise époque on ne sait ce qu'il faut le plus craindre de la lâcheté, de la servilité ou de l'impatience d'obtenir un avancement. J'ai vu ici M. de Puységur3 qui m'a un peu donné de vos nouvelles et m'a donné la satisfaction de croire qu'en somme vous êtes moins mécontent de votre santé et que je dois espérer de vous embrasser cet hiver à Paris. Dites mes sincères amitiés à M. de Rességuier et croyez toujours, cher ami, à mon tendre et profond attachement. Berryer