CECI n'est pas EXECUTE 7 septembre 1858

Année 1858 |

7 septembre 1858

Francisque de Corcelle à Alfred de Falloux

Tocqueville, 7 septembre 1858

Cher ami, nous sommes, depuis trois semaines, sous le toit du plus aimable des hôtes1. Mon petit garçon profite du voisinage de l'océan pour s'y fortifier. De là nous irons, près d'ici, chez nos cousins Duparc2 où nous rencontrerons Mme d'Auberv. Ce me sera aussi une occasion devoir Mr. Daru3 près de Valognes4, et peut-être ne retournerai-je pas, dans mes pénates, sans visiter le Val Richer5. Tous ces projets m'éloignent du Bourg d'Iré. Je le regrette bien. Je vous envoie, par ce pli, une lettre d'Alexis qui vous prie de faire parvenir à votre digne ami le pr. Galitzin avec mes vœux les plus vifs. Combien je désire le succès de cette démarche. J'aurais bien voulu vous accompagner à la cérémonie du mariage de mes chers Montal[embert]6. Mais notre campagne de bovins de Mée n'est pas terminée. J'ai la meilleure opinion de Mr. de M7. avec qui j'ai fait, il y a 3 ans, le voyage de Venise. C'est assurément un des plus distingués jeunes gens que cette génération, plein de sentiments élevés, de tact et d'aptitude à toutes choses. Aussi, je suis enchanté de notre acquisition de famille, et félicite Mont[alembert]. de toute mon âme. Votre cérémonie de Combrée, le disc[ours] de Mgr d'Orl[éans] et les compliments de l'arch[evêque]8 de Tours m'ont ravi. J'ai reçu ici la lettre que Mgr de La Roch[elle]9 a bien voulu me faire parvenir. Elle est parfaite. V10. reculera, je le crois. L'év[êque] de La Rochelle a fort heureusement mis le S[aint]-Siège de son côté. A mon retour, à  <mot illisible>, je retrouverai l'énorme caisse de livres et de documents qui est arrivée à sa destination, pour accident. J'ai lu une lettre d'un ami et hôte de Mr. de Cav[our]11 au retour de l'entrevue de Plombières12. Celui-ci espérait beaucoup, à cette époque, la terza riscossa, dans un avenir plus éloigné ; mais les idées de paix ont provisoirement prévalu, Dieu merci. Adieu, cher ami, offrez je vous prie, mes respectueux hommages à Madame de Falloux, mes tendres vœux pour la prospérité de votre intérieur, et croyez moi votre constant ami.

Fr. de Corcelle.

Alexis est souffrant et va bientôt consulter Mr. Andral13 sur sa santé qui, sans atteinte grave, laisse tristement à désirer.

Notes

1Alexis de Tocqueville.
2Henri, Charles, Timoléon, comte du Parc (1796-1877), ancien député légitimiste et son épouse Justine-Marie Duparc, née du Colombier. Le couple est domicilié au château de Réville, dans le département de la Manche.
3Daru, Napoléon (1807-1890), homme politique. Fils de l’un des dignitaires de Napoléon Ier, polytechnicien et officier d’artillerie, il était entré à la Chambre des Pairs en 1832 où il prit part activement aux débats (en particulier dans la question des chemins de fer). Député de la Manche en 1848 et 1849, adversaire intransigeant de Louis-Napoléon, il fut arrêté en 1851 et se retira de la vie publique jusqu’en 1869, date de sa réélection comme député de l’opposition libérale (département de la Manche). Devenu l’un des chefs du centre gauche, il représenta cette tendance dans le ministère Ollivier du 2 janvier 1870. Après l’inauguration de l’Empire libéral, il fut nommé ministre des Affaires Étrangères le 2 janvier 1870. N'admettant pas le plébiscite, il démissionne le 11 avril 1870. Élu à l’Assemblée nationale puis au Sénat ; devenu monarchiste il fut un ferme partisan de l’Ordre moral.  Non réélu en 1879, il se retira de la vie politique.
4Ville du département de la Manche, située à 20 km. de Cherbourg.
5Demeure de François Guizot, située dans le Calvados.
6Les Montalembert s'apprêtaient à marier leur fille aînée Élisabeth avec Camille de Meaux. Le mariage fut célébré le 16 septembre 1858.
9Mgr Landriot, Jean-Baptiste-Anne (1816-1874), nommé évêque de La Rochelle par le décret du 7 avril 1856, puis archevêque de Reims à partir du 30 décembre 1866.
10Veuillot, sans doute.
11Cavour, Camillo Benso comte de (1810-1861), homme politique italien. Entré à l’Académie militaire de Turin à l’âge de dix ans, il en sortit en 1826 avec le grade de sous-lieutenant dans le corps royal du génie. Envoyé en poste à Gènes en 1830, il accueillit avec enthousiasme la révolution de Juillet. Ses idées jacobines et les soupçons qui pesaient sur son appartenance au carbonarisme lui valurent d’être transféré dans la vallée d’Aoste, véritable exil. Démissionnaire de l’armée, il séjourna à partir de 1833 chez son oncle, à Genève. Partisan du libre échange, il rédigea divers ouvrages sur cette question et effectua plusieurs voyages en Europe.  Premier ministre et ministre des finances du Piémont et d’Italie (1852-1861).
12Au cours de cette entrevue qui avait eu lieu le 21 juillet 1858 dans la station thermale de Plombières-les-Bains (Vosges), Napoléon III et Cavour, le président du Conseil Italien, s'étaient entendus pour entrer en guerre contre l'Autriche, le Piémont acceptant en échange de céder à la France Nice et la Savoie.   
13Andral, Gabriel (1797-1876), médecin. Il occupa dés 1824 la chaire d'hygiène à la faculté de Paris, puis celle de pathologie et de thérapeutique générale. Il devint membre de l'Académie de médecine en 1824 et de l'Académie des sciences en 1839.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «7 septembre 1858», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Année 1852-1870, Second Empire, Année 1858,mis à jour le : 15/03/2013