CECI n'est pas EXECUTE 14 septembre 1859

Année 1859 |

14 septembre 1859

Henri Lacordaire à Alfred de Falloux

Sorèze, 14 septembre 1859,

Mon cher ami,

M. de Montalembert vous a très bien renseigné au sujet des raisons qui m'ont porté à ne pas approuver votre treizième chapitre1. Il me semble même que l'exposé très net et très complet que vous aviez reçu de moi au sujet de l'Avenir, avait pu vous faire pénétrer dans ma pensée. Il est très difficile, je l'avoue, de parler dans un livre de choses vivantes et d'hommes qui ne sont pas encore morts. La perspective manque ; les événements n'ont encore rien expliqué, et, s'il s'agit de matières religieuses et politiques de la plus haute importance, on est arrêté parmi mille scrupules respectables. Je suis donc très heureux que Montalembert et Foisset aient pris la peine de s'entendre avec vous par le menu, et très heureux aussi que vous consentiez à refaire votre siège, ce qui est évidemment héroïque. J'ignore ce qui vous ont écrit. Les faits leur sont connus, les personnes leur sont chères, leur droiture et leur mesure sont hors de doute ; il y a donc bien à parier qu'ils auront franchi avec bonheur ce cap des tempêtes. Néanmoins, je vous remercie de vouloir bien m'envoyer votre nouveau travail j'ai la ferme espérance que nous tomberons d'accord. Il est impossible d'écrire la vie de Mme Swetchine sans parler de ses rapports avec nous ; on ne peut arracher cette page de son histoire, puisque c'est par là qu'elle a eu vraiment une part  assez notable dans les affaires religieuses de notre siècle. Mais aussi il importe grandement pour elle et pour nous que son rôle soit bien indiqué, ce qui implique une notion exacte de ce que nous avons fait et voulu.

Du reste, mon cher ami, je n'ai jamais douté ni de votre bienveillance à notre endroit, ni de la rectitude de votre esprit ; je n'ai entendu que demeurer sur mon terrain, qui naturellement m'était bien plus connu qu'à vous-même, et j'éprouvais aussi une certaine pudeur à voir, de mon vivant, mes pensées les plus secrètes révélées au public.

J'attends donc votre treizième chapitre avec impatience et vous renouvelle bien cordialement l'expression de mes sentiments dévoués et affectionnés.

Fr. Henri-Dominique Lacordaire, des Fr. Prêch.

*Lettre publiée dans Le Correspondant du 10 juin 1911.

Notes

1Voir lettre de Laordaire à Falloux du 27 juillet 1859.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «14 septembre 1859», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Second Empire, Année 1852-1870, Année 1859,mis à jour le : 30/03/2013