Année 1860 |
8 avril 1860
Henri Lacordaire à Alfred de Falloux
Sorèze, 8 avril 1860
Mon cher ami,
J'apprends à l'instant par Mme de Mesnard1 la perte douloureuse que vous venez de faire, et des angoisses où vous ont jeté les couches si laborieuses de Mme de Falloux2. Je m'empresse de vous témoigner toute la part que je prends à votre affliction comme père et comme époux. Il ne faut pas désespérer. Les bénédictions sont précédées d'épreuves, et j'ai souvent remarqué dans ma vie que rien m'arrivait d'heureux sans avoir été préalablement contrebalancé par le chagrin plus ou moins vif. Notre pauvre existence est un ballottement entre le bien et le mal, une oscillation entre la justice et la bonté de Dieu. Je vous prie de présenter à Mme de Falloux l'hommage respectueux de ma compatissance et les prières que j'adresse à Dieu pour elle et pour vous.
Veuillez agréer la nouvelle expression de mes sentiments de haute estime et de cordial dévouement.
Fr. Henri-Dominique Lacordaire, des Fr. Prêch.
*Lettre publiée dans Le Correspondant du 10 juin 1911.