CECI n'est pas EXECUTE Ier juin 1861

Année 1861 |

Ier juin 1861

Henri Lacordaire à Alfred de Falloux

Becquigny1 (Somme), 1er juin 1861

Mon cher ami,

Je ne saurais vous dire combien j'ai été touché de votre bonne lettre et de l'hospitalité que vous me proposez avec une si aimable assistance. Assurément je ne pourrais être mieux qu'au Bourg d'Iré pour l'âme et pour le corps. Mais je ne puis pas ne pas passer à Sorèze le mois de juillet, dernier mois de l'année, et où mon absence persuaderait aux familles que j'ai renoncé à la direction de cette chère maison. J'ai donc résolu de quitter Becquigny le lundi 17 juin, et de me rendre à petites journées à ma résidence ordinaire en m'arrêtant à Flavigny2, Dijon et Lyon. Je verrai ensuite à disposer du mois d'août et de septembre selon l'avis des médecins et l'état de ma santé.

Mon passage à Paris et mon séjour à Becquigny m'ont, du reste, étaient déjà très profitables. Il est certain qu'aujourd'hui que le mal primitif a disparu. C'était une inflammation dans la région du cœur, suivie d'un dérangement dans la circulation du sang. La présente et parfaite tranquillité du cœur, ainsi que le dégonflement persévérant des pieds, prouvent que j'en ai fini de ce côté-là, mais le contre-coup du mal s'est jeté sur les entrailles et y a produit une atonie qui exige une hygiène très attentive, du repos, des soins et du temps. Ces affections sont longues à guérir, et je n'espère pas m'en débarrasser en quelques mois. Cependant c'est énorme de bien connaître le siège du mal, de l'adoucir, de le miner peu à peu, et d'arriver graduellement à une guérison qui ne semble pas douteuse. J'en suis là. Avant ce voyage, je ne sais pas au juste de quel côté porter le secours, et par conséquent, je languissais en ne faisant rien de topique, comme disent les médecins. Grâce à Dieu, je n'en suis plus là, et c'est beaucoup.

Si les eaux que l'on vous commande vous jetaient du côté des Pyrénées, n'oubliez pas que vous avez tout proche un autre Bourg d'Iré où l'on serait heureux de vous recevoir.

Je vous renouvelle tous mes remerciements, ainsi que l'expression de mes sentiments de haute estime et d'attachement.

Fr. Henri-Dominique Lacordaire, des Fr. Prêch.

*Lettre publiée dans Le Correspondant du 10 juin 1911.

Notes

1Lacordaire séjournait au château de Becquigny (Aisne), propriété de ses amis Vauvineux.
2Flavigny-sur-Ozerain, en Bourgogne (Côte d'Or). Lacordaire et ses compagnons y avaient fondé une troisième maison dominicaine, où  ils transportèrent le noviciat qui avait été établi à Chalais (Isère).  Lacordaire était revenu s'y installer peu après son retour d'Angleterre, au printemps 1852.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «Ier juin 1861», correspondance-falloux [En ligne], Second Empire, Année 1852-1870, Année 1861, CORRESPONDANCES, BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES,mis à jour le : 12/08/2012