1884 |
15 octobre 1884
Armand de Maillé à Alfred de Falloux
15 octobre 1884
Mon cher Falloux, je vous envoie ainsi que vous me l'avez demandé le compte rendu de notre séance ; Fairé1, Gain2, Gal de Rochebouet3 et de Terves4 étaient absents. Nous n'avons pas traité la question du choix du candidat sénatorial. Il a été dit que ce choix pourrait varier suivant les dispositions de la loi électorale du Sénat s'adressant soit au suffrage restreint soit au suffrage universel. L'incertitude qui existe encore, quoiqu'elle doive être prochainement dissipée, sur le scrutin de liste ou sur le scrutin d'arrondissement, est une raison de plus d'ajourner le choix du candidat sénatorial5. Le scrutin de liste donne le moyen de satisfaire, par la promesse d'une compensation sur la liste des députés, un candidat évincé. Sans mettre un nom en avant on a écarté toute candidature bonapartiste au Sénat afin de ne pas donner au département du Maine-et-Loire une couleur bonapartiste qu'il n'a pas : et cela serait un succès dont le parti bonapartiste abuserait en émettant de trop grandes prétentions pour le nombre à lui reconnaître sur la liste des députés. Cependant il a été jugé nécessaire de traiter avec des individualités bonapartistes en leur assurant deux places sur les quatre places libres. Il a été convenu que le comité dans une occasion plénière, ferait son choix, que ce choix fait nous nous adjoindrions les conseillers généraux et les conseillers d'arrondissements conservateurs afin d'avoir leur assentiment et enfin si cela est possible nous consulterons les électeurs sénatoriaux. Une note différente de rédaction mais identique de pensée doit paraître dans nos deux journaux sous la rubrique de la Chronique locale et laissant supposer que le comité consultera les électeurs sénatoriaux sur le choix de son candidat. Nous aurons peu-être quelques difficultés pour notre candidat, Chevalier6 en a, je crois, grande envie et certainement Blavier7. Chevalier serait dangereux à cause de sa nuance bonapartiste et d'un autre côté plusieurs des membres du comité, entre autres Le Guay8, pensent à Rochebouet. La question bourgeoise est importante à satisfaire, elle n'arrête pas Le Guay qui prétend que cette idée est une invention de l'évêque1 afin de ne pas nous permettre de fixer notre choix sur vous. J'ai reçu une longue lettre de Madame de Cumont sur le journal L'union de l'ouest : dans cette lettre elle parlait du passé et du présent et me priait d'en causer avec vous. Ses idées ne me paraissent pas très nettes je lui ai mis dans une lettre le récit que je comptais vous faire pour résumer ses idées en lui demandant son approbation sur l'exactitude de mon résumé. J'ai reçu le lendemain une réponse approuvant ce que je lui envoyais mais me priant d'attendre un nouvel éclaircissement avant de vous l'envoyer. Je me soumets à son désir et j'attends, ce qui vous condamne à une nouvelle lettre de ma part. Si Cumont n'avait été avec vous à la gare je vous aurais mis au courant en quelques mots ce qui eut été beaucoup plus facile. Quoique la conversation sur L'Union de l'Ouest concerne autant le mari que la femme je traite toujours les confidences de la femme comme un secret dans la crainte de soulever une cause de discorde. Veuillez croire, mon cher Falloux, à toutes mes amitiés.
A. de Maillé