Année 1858 |
23 juillet 1858
Rodolphe de Maistre à Alfred de Falloux
Beaumesnil1 (Eure), 23 juillet [1858]
Monsieur le Comte,
J'avais peu d'espoir de vous rencontrer à Paris lorsque j'eus l'honneur de vous adresser ma dernière lettre : la saison, les affaires et surtout la brièveté de mon séjour me laissent peu de chances favorables ; mes craintes en effet se sont trouvées fondées. Je suis en France pour régler la gestion d'une année de deux propriétés éloignées l'une de l'autre, et pour donner les directions de l'année future, j'ai laissé Me de Maistre souffrante ainsi qu'une de mes filles, vous sentez que j'ai un désir bien naturel de terminer le plus tôt possible et vous m'excuserez de ne pas me rendre à votre aimable invitation quelqu'eût été mon empressement de présenter mes hommages à Madame de Falloux ; mais vous, Monsieur le Comte, qui avez le temps mieux à votre disposition, pourquoi ne pourriez-vous pas faire une course jusqu'à Beausmenil et me donner la satisfaction de vous appeler mon hôte ; en l'absence de ma femme, Me de Maistre ma belle-fille2 serait charmé de vous faire les honneurs du château et nous pourrions [mot illisible] à l'aise toutes les questions qui vous intéressent et qui sont loin de m'être étrangères. Je reste ici jusqu'à la fin d'août du 20 au 25. J'irai faire une course en Picardie, et dans la Ière quinzaine de septembre, je m'abandonnerai à la force d'attraction qui me rappelle à Turin3 pour y jouir, au sein de ma famille réunie, du seul bonheur que la démocratie parlementaire n'ait pas encore détruit, quoiqu'elle ait déjà commencé à y porter atteinte.
Je n'ai point trouvé à Paris le cher portrait que vous aviez eu la bonté de m'annoncer, oserai-je vous prier de me dire auprès de qui je dois réclamer ce souvenir doublement précieux pour moi.
Recevez, Monsieur le Comte, l'expression de ma connaissance pour votre proposition si obligeante, et en même temps l'assurance réitéré des sentiments de haute considération.
Le Cte de Maistre
P. S. Le chemin de fer ligne de Cherbourg conduit à la station de Beaumont4, où, si vous aviez une bonne intention à mon égard, vous trouveriez un véhicule pour vous conduire à Beaumesnil en cinq quarts d'heure bien entendu que vous auriez la bonté de me prévenir en temps utile.
