1881 |
7 décembre 1881
Charles de Mazade à Alfred de Falloux
Paris, 7 décembre 1881
Monsieur le comte, Vous ne vous étonnerez pas que votre lettre m'ait donné des regrets et je n'ai pas besoin d'ajouter que le premier de mes regrets est pour la cause même qui vous retient loin de Paris. En témoignant si gracieusement votre bienveillance vous m'avez donné le droit de m'intéresser d'une manière plus particulière à tout ce qui vous touche et je vous dis combien je prends part à vos préoccupations, combien je désire aussi apprendre d'ici à peu que votre santé est meilleure.J'aurais été heureux de vous voir à Paris. Vous auriez été jusqu'au bout mon appui. Je ne sais ce que me réservent les élections de demain ; je les attends sans impatience. Vous savez que les scrutins sont souvent pleins de surprise, et j'ai besoin de me garder des illusions. Si je vois des signes favorables, faits pour motiver la confiance que vous voulez bien m'exprimer, je vois aussi bien de la diffusion. Tout cela sera éclairci demain, et il en sera ce qui pourra. La seule chose claire et certaine pour moi, quel que soit le vote, c'est la reconnaissance que je vous dois pour des sympathies et des bontés dont je sens tout le prix ; laissez-moi vous en renouveler l'expression. Le duc de Broglie que j'ai eu l'occasion de voir avant-hier m'a dit qu'il avait reçu une lettre de vous et aussi qu'il vous avait écrit de suite. Votre lettre ne me laissait guère prévoir que votre résolution pu le modifier. Je suppose bien que rien n'aura été échangé. Quand votre santé vous permettra de venir à Paris, je serais heureux d'aller vous voir et de parler avec vous, non plus d'élections académiques, qui, heureuses ou défavorables, seront passées, mais de choses plus graves qui nous touchent tous et ont un bien notre intérêt.
Recevez, Monsieur le comte,la nouvelle assurance de ma haute considération et de mon affectueux dévouement.
Ch. De Mazade
