CECI n'est pas EXECUTE 18 mars 1882

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18 mars 1882

Charles de Mazade à Alfred de Falloux

Paris, 18 mars 1882,

Monsieur le Comte,

J'avais pensé en toute sincérité que le mieux pour moi était de ne plus m'occuper de candidatures académiques. Des personnes amies parmi vos confrères veulent bien mettre leur obligeance à me persuader que j'aurais tort de persister dans cette révolution, que je dois me présenter de nouveau. vous aviez bien voulu vous-même me dire que vous me réserviez vos bontés. Je n'ai aucune peine à me laisser convaincre, et vous êtes naturellement un des premiers à qui je dois m'adresser. La bienveillance que vous m'avez témoigné me suivra je l'espère. Dans cette circonstance nouvelle, et je me permets de faire appel à vos bons offices pour m'aider à franchir le pas.

Il a été entendu dés la première heure avec mes amis d'ici que ma candidature devait se produire pour la succession de M. Charles Blanc1. Cela doit répondre à vos vues comme cela répond à mes intentions et ce sera fait ainsi. M. le duc de Broglie a bien voulu m'assurer qu'il avait réservé ses suffrages pour le cas où je me présenterais. M. le comte d'Haussonville2 m'a dit qu'il se promettait de me rester fidèle. M. le duc d'Audiffret-Pasquier, que je n'ai pas encore vu serait, m'a-t-on dit, dans les mêmes dispositions obligeantes. M. Mignet, M. Caro3, M. Ducamp4 m'ont témoigné une bonne volonté amicale et empressée. Votre concours me sera bien précieux et il pourra être décisif. Laissez-moi vous demander votre appui auprès de M. le duc de Noailles, de M. de Champagny5, de M. de Viel-Castel6.

Les candidatures ont leur compensation puisque celle-ci me permettra d'avoir des nouvelles de votre santé qu, je l'espère, se sera amélioré depuis cet hiver.  Si j'ai l'honneur de vous voir le printemps à Paris, ce sera pour moi de toute façon une bonne fortune.

Recevez, Monsieur le comte, la nouvelle assurance de ma haute considération et de mon affectueux dévouement.

Ch. De Mazade.

Notes

1Blanc Charles (1813-1882), critique d'art, il devint rédacteur en chef de la Gazette des Beaux-Arts et fut nommé directeur des Beau-Arts de 1848 à 1852 et de 1870 à 1873. Il était le frère de l'homme politique et historien Louis Blanc. Il entra à l'Académie le 8 juin 1876.
2Haussonville, Joseph Othenin Bernard de Cléron, comte d’ (1810-1884), diplomate et homme politique. Il commença sa carrière de diplomate comme attaché à l’ambassade de France à Rome auprès de Chateaubriand en 1929. Après la révolution de 1830, il continua sa carrière diplomatique à Bruxelles, Turin et Naples. Il avait épousé en 1836 la sœur d’Albert de Broglie, Louise Albertine de Broglie. Ayant démissionné de ses fonctions de secrétaire d’ambassade en 1842, il se fit élire à la Chambre des Députés (collège de Provins). Ayant protesté contre le coup d’état du 2 décembre, il se réfugia quelque temps à Bruxelles. Collaborateur de la Revue des Deux Mondes, il fut l’un des chefs de file de l’Union libérale. Le 29 avril 1869, il fut élu à l’Académie française. Après la chute de l’Empire, il se tint à l’écart de la vie politique. Le 15 novembre 1878, il  fut néanmoins élu, en tant que républicain conservateur, sénateur inamovible.
3Caro Elme Marie (1826-1887), professeur de philosophie. Disciple de V. Cousin, il publia plusieurs ouvrages de philosophie spiritualiste et fut élu contre H. Taine à l'Académie française le 29 janvier 1874 en remplacement de Ludovic Vitet.
4Du Camp, Maxime (1822-1894), journaliste et écrivain. Un des fondateurs de la Revue de Paris, proche de G. Flaubert, il fut l'auteur de plusieurs ouvrages dont Paris, ses organes, ses fonctions, sa vie (6 vol.). Il avait été élu à l'Académie française le 26 février 1880, au fauteuil de Taillandier, fauteuil convoité par Ch. de Mazade.
5Champagny, François-Joseph-Marie-Thérèse Nompère, dit Franz, comte de (1804-1882), écrivain ultra-catholique. Il fut le collaborateur de l’ancien comme du nouveau Correspondant, de L’Ami de la Religion et de la Revue contemporaine. Élu à l’Académie française le 29 avril 1869, en remplacement de Berryer.
6Viel-Castel Charles-Louis-Gaspard-Gabriel de Salviac, baron de (1800-1887), homme politique et historien. Directeur de affaires politiques au ministère des Affaires étrangères pendant la monarchie de Juillet, il rentra dans la vie privée après 1848. Auteur d'un Histoire de la restauration en 20 volumes (1870-1870), il collabora à plusieurs reprises à la Revue des Deux Mondes. Il avait été élu le Ier mai 1873 à l'Académie française.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «18 mars 1882», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Troisième République, 1882,mis à jour le : 07/04/2013