1882 |
24 octobre 1882
Charles de Mazade à Alfred de Falloux
Paris, 24 octobre 1882
Monsieur le Comte,
Voulez-vous me permettre d'ajouter un mot à ce que j'ai eu l'honneur de vous écrire l'autre jour ? Depuis ma dernière lettre j'ai eu l'occasion de voir quelques personnes. J'ai vu notamment M. le secrétaire perpétuel1 avec qui j'ai eu l'avantage de m'entretenir quelques instants. M. Doucet2 ne m'a pas caché qu'on l'avait sondé, qu'on était allé à lui pour lui demander si quelque candidature s'était produite pour le fauteuil de M. de Champagny3. Il aurait répondu m'a-t-il dit, qu'à la vérité, à parler strictement, il n'avait reçu aucune lettre, qu'il y avait cependant pour les deux fauteuils des candidatures tout indiquées par les circonstances et que le sentiment de l'académie lui paraissait être assez prononcé pour l'élection des deux candidats qui avaient eu déjà un égal nombre de voix. Il m'a paru d'ailleurs [mot illisible] que tout considéré ce que j'avais fait jusqu'ici en m'abstenant de toute démarche officielle était ce qu'il y avait de mieux. Je lui ai dit que j'avais cru agir avec plus de convenance, qu'il n'y avait chez moi ni parti pris d'aucune sorte, ni intention de m'abstenir sur tel ou tel fauteuil, que je me mettais entièrement à sa disposition de l'académie et des personnes autorisées qui voulaient bien s’intéresser à ma cause. M. Doucet a été d'avis que s'était pour le mieux que les deux candidatures devaient être présentées ainsi pour les deux fauteuils, sauf à l'académie de choisir comme elle l'entendrait, et c'est en effet le langage qu'il a tenu à la [mot illisible] où la date de l'élection a été fixée. Quant aux autres personnes de l'académie que j'ai pu voir jusqu'ici, M. Caro4, M. Rousset5, M. Mézières6, ils ont été d'accord pour approuver la marche suivie et pour m'encourager à espérer le succès. Maxime Du Camp7 vient de m'écrire pour m'assurer de ses dispositions, ajoutant qu'il est tout prêt à se concerter avec les confrères pour préparer le meilleur dénouement. Les autres, je n'ai pas pu les voir encore. Ils sont absents ou difficiles à rencontrer. Maintenant quelque candidature nouvelle viendra-t-elle déranger les combinaisons ? Les uns disent oui, les autres disent non. J'ose espérer que ceux qui m'ont appuyé me prêteront jusqu'au bout leur concours. Je compte sur vos bontés pour m'aider à l'avoir, et si je me permets de vous entretenir confidentiellement de mes affaires, c'est que je connais votre obligeance pour moi. Laissez-moi vous renouveler, Monsieur le Comte, l'assurance de mon affectueux dévouement. Ch. de Mazade.