CECI n'est pas EXECUTE 14 mars 1873

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14 mars 1873

Camille de Meaux à Alfred de Falloux

Versailles, 14 mars 1873

Vous connaissez maintenant l'issue du débat de Rivet1. Jusqu'à la fin nos amis ont voulu être battu et à la fin les violents ont complètement dominé et soit entraîné soit paralysé les modérés nos amis décidés à voter la loi se sont abstenus : quelque uns même ont voté contre pour ne pas se séparer de leur queue et de ce qui suit leur queue et ainsi le corps presque entier de la droite y a passé ! Le [le peu que j'ai fait] pour éviter ce résultat, je l'ai fait et non sans quelque courage ; mais je l'ai fait sans rencontrer le moindre écho et ce serait me flatter que de me croire en ce moment aussi bien écouté de la droite que l'est M. de Franclieu2. Mais moi peu importe ! Aujourd'hui une majorité des centres est fermée. Il dépendait de la droite d'y entrer et par là d'y diminuer, dans la mesure de sa force, le centre gauche. Elle l'a pas voulu. J'ai la confiance néanmoins que bientôt nous aurons à faire en commun quelque campagne conservatrice et je ne désespère pas qu'il se reforme une droite modérée. Surtout je reste toujours résolu à m'y employer plus décidé que jamais à faire ce que je peux mais aussi plus persuadé que les gens qui se ressemblent ne peuvent pas grand chose ici.  

Vous ne me saurez pas mauvais gré, cher Monsieur, de vous écrire sous le poids de ma tristesse, vous regrettant, vous aimant et vous admirant de loin chaque jour davantage.

C. de Meaux

Notes

1Le 13 mars 1873, l'Assemblée avait adopté un projet présenté par la commission des trente qui réglait les rapports entre le président de la République et l'Assemblée. Tout en consacrant le veto présidentiel, le texte modifiait la loi Rivet du 31 août 1871 prévoyant notamment que le président ne pourrait s'adresser à l'Assemblée qu'au moyen de messages qui ne pourront en aucun cas faire l'objet d'un débat.
2Franclieu, Charles Paul Alexandre Pasquier, marquis de (1810-1877), homme politique. Élu des Hautes-Pyrénées à l'Assemblée nationale de 1871, il se fit inscrire à l'extrême droite, parmi les légitimistes intransigeants, et vota pour la paix, pour l'abrogation des lois d'exil, puis pour la démission de Thiers. Il s'abstint lors du vote sur la prorogation des pouvoirs du Maréchal, vota pour l'état de siège, contre le ministère de Broglie, contre la dissolution de l'Assemblée, contre l'amendement Wallon, contre les lois constitutionnelles. En mai 1872, le duc d'Aumale ayant avoué à la tribune ses préférences pour le drapeau tricolore, M. de Franclieu lui écrivit une lettre pour lui reprocher de pactiser avec la Révolution. Ayant protesté contre la prorogation des conseils municipaux, il demanda, le 8 janvier 1874, avec la gauche, que la nomination des maires fut laissée aux conseils municipaux. Il signa l'adresse des députés au pape à propos du Syllabus, et fit partie du pèlerinage de Paray-le-Monial. Le 11 décembre 1875, il fut élu sénateur inamovible par l'Assemblée nationale. Après le 16 mai, il vota la dissolution, mais ne cacha pas combien peu de confiance lui inspirait le gouvernement de l'ordre moral. Il mourut quelques mois après.

Notice bibliographique


Pour citer ce document

, «14 mars 1873», correspondance-falloux [En ligne], BIOGRAPHIE & CORRESPONDANCES, CORRESPONDANCES, Troisième République, 1873,mis à jour le : 30/04/2013