1884 |
11 juillet 1884
Werner de Mérode à Alfred de Falloux
J'apprends par votre lettre à Kerdrel que vous êtes à Evian et je m'empresse de vous adresser l'expression de la part que je prends à la perte que vous venez de faire en la personne du cardinal Falloux1. Il y avait 40 ans que je le connaissais, une année où j'étais à Rome. Que de belles et longues promenades j'ai faites avec Mgr Lacroix2. Le cardinal demeurait alors Piazza Campitelli : c'est de ce temps bien antérieur à la venue de mon frère3 à Rome que date mon attachement à cette grande ville. Mgr Lacroix et Mgr de Falloux m'accueillirent vers 1840 malgré ma jeunesse avec la plus extrême bienveillance. Je les ai souvent revus depuis. Avec quelle rapidité passe la figure de ce moral et que les plus longues vies sont courtes! Je regrette que vous alliez à Rome dans des circonstances si tristes, je me réjouis cependant à la pensée, que vous verrez Léon XIII, que vous causerez avec ce grand pape si fait pour régner en 1884. Sa politique, si sage, si habile, si prudente, vient d'avoir un merveilleux succès en Belgique, je reviens de ce pays délivré en une journée de la plus détestable tyrannie. La joie y est générale. Puissions-nous en France voir un jour l'excès du mal amener une semblable réaction et notre pays reprendre l’œuvre que vous aviez si habilement, si glorieusement commencée par la loi Falloux. Mes hommages à Madame de Castellane4 et à vous cher ancien collègue de 1846. Mille amitiés.
W. Merode. P. S. surtout ne me répondez pas, ménagez vous.