1884 |
28 décembre 1884
Albert de Rességuier à Alfred de Falloux
Faye par Decize. Nièvre, le 28 décembre 1884
Cher ami,
Berthe1 et Augustin2 nous sont, enfin, revenus, hier au soir, avec leur grand Paul3, encore en quarantaine, mais en bonne voie de convalescence. Le changement d'air lui a été recommandé ; mais pour le moment, la neige, qui couvre le Nivernais, ne lui permet pas de profiter de ce remède. Il se dédommage de cette réclusion forcée en mangeant comme un ogre et en dévorant les plus gros volumes de la bibliothèque de Faye. Nos voyageurs nous ont rapporté de Paris que les nouvelles que nous donnent également les journaux ; mais, en revanche d'étranges nouvelles mondaines. Entre autres le mariage4 du marquis de Forbin5 (le veuf de notre Forbine) avec une demoiselle de Boisgelin6 de Provence. Sous prétexte qu'il ne faut pas laisser s'éteindre le nom de Forbin ! N'est-ce pas une horreur ! Puis, encore parmi les nouvelles, authentiques, la séparation de M. de Guerne de sa femme (fille du vertueux Anatole, marquis de Ségur) pour cause du dévergondage effroyable de ladite dame. Puis encore ; (mais ceci parmi les on dit) le mariage du marquis de Biencourt7 avec Mme de Brantes, et celui de Mme de St Sauveur (née Biron) avec M. Hirsch !!! On est peu rassuré sur la réélection de la plupart de nos sénateurs y compris le duc de Broglie, vos renseignements sont-ils meilleurs ? Quant aux départements sur lesquels vous avez questionné : Nièvre, Tarn-et-Garonne et Gers, (Faye, Perignon, Sauveterre), je n'ai rien à vous en dire, par la raison qu'aucun d'eux n'a d'élections sénatoriales à faire cette année. Ai-je besoin de vous dire, cher ami, que vous serez en première ligne des prières de bonne année qui se feront ici et auprès de Geneviève ? Ai-je besoin de vous dire que je suis plus que jamais tout à vous ?
Al.
Il paraît que l'annonce faite par M. Mayol8 de publier dans son travail du Correspondant9, la correspondance du préfet de Savone10 (Chabrol11) a mis le malheureux Chabrol12 dans un désespoir extravagant.