1875 |
21 juillet 1875
Léonille Sayn-Wittgenstein à Alfred de Falloux
Mon Abri1, Lausanne, le 21 juillet 1875
Mon cher comte,
Notre pauvre cher ami est peut-être auprès de vous aujourd'hui. Elle vous aura dit la perte très sensible que j'ai faite de mon frère Wladimir2. C'est le 15 qu'il a succombé à un état maladif prolongé et qui s'était compliqué ces derniers temps de fièvres, le tout aggravé par la goutte, habituée de ma famille. Je vous demande, mon cher comte, de prier pour cette bonne et chère âme; vous le ferez j'y compte en tant que chrétien et ami de mon frère Alexandre3 lequel doit être très affligé. Jusqu'ici je ne suis réduite qu'aux télégrammes et n'ai absolument aucun détail. Et maintenant que je vous dise que la réponse du Comte A4. m'est arrivée hier. J'en suis satisfaite et vous le serez aussi, je le crois. Il me promet de faire parvenir avec délicatesse et précaution un petit avertissement opportun à qui vous savez5. Ce sont les termes dont se sert l’Éminence. J'avais envoyé votre note en l'accompagnant de quelques observations à moi. Je suis charmé qu'il ait accueilli ma lettre avec beaucoup d'indulgence. Mais notre cher pauvre ami ! J'en suis on ne peut plus inquiète, non pas tant à cause de sa santé, qui se soutient merveilleusement, mais en songeant à ce poids toujours plus lourd de souffrances et d'épreuves. Vous lui ferez du bien, mon cher comte, et lui faciliterez bien des choses que les cœurs comme le vôtre, savent seuls comprendre. Je suis toujours dans l'espérance de voir arriver votre grand évêque6 à Evian, comme il me l'avait fait pressentir. Quelle belle vieillesse et quel digne couronnement.
