1885 |
17 janvier 1885
Albert de Rességuier à Alfred de Falloux
Paris, 17 janvier 1885
Cher ami nous ne sommes nullement débarrassés ni de la neige ni des rhumes, et quoi que l'hiver soit relativement modéré, Paris n'en est pas moins enveloppé d'un brouillard très pénétrant est balayé par un vent glacial. Il est probable, je l'admets, que l'Italie est mieux partagée, les journaux, cependant nous disent le contraire, et je me rappelle avoir passé à Rome un détestable mois de février, suivi d'une quinzaine de mars presque aussi mauvaise je suis donc, je vous l'avoue, beaucoup moins sensible à toutes les raisons de Mgr Guthlin1 qu'au souvenir de vos dernières bronchites et à la crainte que vous en rencontriez une nouvelle au cours d'un voyage prématurément entrepris. Vos deux autres correspondants parisiens vous renseigneront, bien mieux que je ne puis le faire, sur les apparitions de l'hôte de la duchesse de G2. Mais elle me paraît si fréquente, sans être je crois, à jours fixes, que je ne doute pas que vous ne soyez assurés d'au moins une ou deux rencontres, quelle que soit la semaine que vous choisissiez. Les derniers visiteurs dont j'ai recueilli les impressions, Keller entre autres, ont reçu l'assurance d'une disposition à une intervention personnelle par un acte public, avant les élections pour la chambre des députés. On rapporte même ces mots : "Au risque d'une expulsion, je ne ménagerai ni ma personne ni ma bourse. M. de Meaux qui marchait, avec peine, à son passage à Faye3 à la fin de décembre, a été, dès son arrivée, à la Roche-en-Brénil4, tout à fait arrêté par une phlébite. Sa fille écrit à Camille qu'on a aucune inquiétude ; mais que la maladie paraît devoir être longue. Mon propriétaire M. de la Béraudière qui se promenait hier et qui s'est réveillé, ce matin, en très bonne santé est mort, subitement, en sortant de son lit. Je le regrette, d'autant plus que je crains bien que la maison ne soit bientôt rendue et les locataires obligés de se loger ailleurs. Mille et mille hommages aux chers châtelains etc.
Mille tendresses à vous. Al.